Aix-les-Bains
Étudier le développement d’Aix-les-Bains à l’époque contemporaine, c’est approcher une histoire modélisante de l’essor des stations thermales en France du XIXe siècle à nos jours. Au-delà de l’urbanisme remarquable de villégiature et de l’évolution des diverses infrastructures de loisir et de divertissement, ce sont également des enjeux et une galerie d’acteurs similaires. Cependant, la cité savoyarde présente des spécificités: au carrefour de territoires, elle est également villégiature de bord de lac et station climatique.
Le temps des pères fondateurs (1824-1870)
Si les eaux d’Aix-les-Bains sont connues depuis l’Antiquité romaine, il faut attendre 1783 pour l’édification d’un établissement thermal. C’est donc véritablement au début du XIXe siècle que la réputation de la station savoyarde s’affirme, notamment suite aux séjours de membres de la famille Bonaparte et à la diffusion des travaux du corps médical.
Conscients de la nécessité de divertir les étrangers –terme générique englobant les baigneurs et touristes saisonniers– les notables de la cité créent en 1824 un cercle, lieu de bals, de concerts, de lecture et de jeux. En 1847-1848, se profile la construction d’un nouvel établissement de divertissements, le casino Grand Cercle, capable de répondre aux besoins nouveaux de l’époque; mais très vite les capitaux savoyards viennent à manquer. Arrive alors le parisien Jean-Louis-Victor Bias, casinotier venu d’Allemagne où les jeux de hasard viennent d’être supprimés. Il devient ainsi le fermier du nouveau cercle, s’engageant à terminer les travaux avec la plus grande activité.

Ill 1. Le casino d’Aix-les-Bains, façade ouest sur jardin, in Amédée Achard, Une saison à Aix-les-Bains, 1850, p.105.
Le casino, inauguré le 1er juillet 1849, est reconnu comme modèle du genre de par son confort et sa magnificence; Aix devient ainsi «un caravansérail où l’Europe vient se rafraîchir» et jouer à la roulette ainsi qu’au trente-et-quarante. Véritables enjeux au sein d’une Europe où ils sont majoritairement proscrits (depuis le 1er janvier 1838 en France), les jeux de hasard placent Aix-les-Bains, alors situé dans le royaume de Piémont-Sardaigne, dans une situation privilégiée, en concurrence directe avec les villes thermales d’outre-Rhin, telles Bade ou Hombourg. Toutefois, la législation sarde interdisant ces jeux de hasard, tolérance et prohibition se succèdent entre 1850 et 1856, mettant la cité aixoise en tension.
«On ne saurait se dissimuler que les jeux ne soient un des plus puissants attraits pour une foule de personnes qui aiment à chercher dans les chances du hasard les moyens de rompre la monotonie d’une existence qui leur pèse […]. Presque partout, pour le plus grand nombre des étrangers, les eaux sont le prétexte et les jeux le véritable but».
Mémoire sur les jeux publics du Cercle d’Aix-les-Bains, 1850.
Les intérêts de l’établissement thermal et du casino étant étroitement liés, l’Etat turinois confie, en 1853, le fermage des bains d’Aix à Bias, afin qu’il mène à bien les travaux d’amélioration et d’agrandissement, dans le but d’en faire le premier établissement d’Europe, selon les visées du premier ministre sarde, Cavour.

Ill. 2. L’établissement royal des bains d’Aix-les-Bains, in Amédée Achard, Une saison à Aix-les-Bains, 1850, p.160.
Véritable artisan de l’essor aixois, Bias lance également la construction du premier hôtel de standing d’Aix-les-Bains, l’Hôtel Royal de Savoie, achevé en 1857.

Ill. 3. L’Hôtel royal au premier plan et le casino en arrière-plan à droite. Lithographie par Aubrun, Paris, imprimerie Frick frères, vers 1860.
Durant la période Bias (1849-1856) s’ouvre une véritable ère de modernisation, insufflée grâce aux capitaux du Parisien: ainsi, dans certaines parties de la ville, le macadam est substitué aux pavés, les trottoirs se recouvrent d’asphalte, un canal pour les eaux usées et immondices est réalisé, les réverbères au gaz fleurissent. Le télégraphe électrique, installé au casino en 1853, relie Aix à Turin, Genève, Paris, Londres, Berlin, et fait de la cité savoyarde la seule station thermale équipée de la sorte en Europe.

Ill. 4. La place centrale d’Aix-les-Bains, 1852. Coll. Archives Aix-les-Bains, 15Fi1262.
Cette modernisation accélérée est soutenue par Cavour, désireux de concurrencer les grandes stations thermales françaises telles que Vichy ou les cités pyrénéennes, mais aussi germaniques, dans un contexte d’affirmation des nationalités. Néanmoins, l’action remarquable de Bias et ses liens étroits avec les autorités vont susciter de vives oppositions locales, obligeant le gouvernement sarde à mettre fin au système de tolérance des jeux et de ce fait aux contrats Bias. Au printemps 1856, Aix-les-Bains redevient «palais de la douleur»: une société nationale tente d’achever les travaux de l’établissement thermal mais le casino, sans les jeux, de nouveau géré par des notables aixois, est qualifié de «temple disgracieux de l’ennui».
Le temps des bâtisseurs (1870-1900)
Redevenue française après l’annexion de 1860 et plus rapidement accessible par le chemin de fer, la cité savoyarde, renommée «Ex-les-Bains» par ses détracteurs, connait une véritable explosion de sa fréquentation, notamment après le conflit de 1870 et le boycott des stations d’outre-Rhin par patriotisme:
Parmi la foule d’anonymes, des noms illustres viennent en villégiature à Aix-les-Bains en cette fin du XIXe siècle, qu’il s’agisse de dirigeants politiques: Hassan Ier, empereur du Maroc (1883); la reine Victoria (1885, 1887, 1890); le maharadja de Baroda (1887); Pedro II, empereur du Brésil (1888); Maria Pia, reine du Portugal (1888); Carlos Pellegrini, président de l’Argentine (1889); Léopold II, roi des Belges (1895); l’impératrice Elisabeth d’Autriche (1895); la reine Isabelle d’Espagne (1895); le roi Georges Ier de Grèce (entre 1889 et 1912); ou de personnalités du monde des lettres, des sciences, du journalisme, de la finance ou des affaires: les membres de la famille Rothschild à maintes reprises; le photographe Nadar (1883); Albert Nobel (1885); le compositeur Saint Saëns (entre 1886 et 1912); Verlaine (1889); le banquier américain John Pierpont Morgan, propriétaire du Titanic (entre 1889 et 1912); le milliardaire Vanderbilt (1890); l’explorateur Stanley (1890); Maupassant (1890-1891); Mark Twain (1891); le peintre Carolus-Duran (entre 1893 et 1911); l’écrivaine Séverine (1893); Henri Rochefort (décédé en sa villa à Aix en 1913); le pionnier de l’automobile Louis Mors (1895-1896), etc.
Cette vogue croissante de «la reine des villes d’eaux» a pour conséquence une densification du bâti, couplée à un étalement urbain en direction notamment des côteaux, faisant surgir avec acuité la question de l’augmentation du coût du foncier.

Ill. 5. Plan de la ville d’Aix-les-Bains, 1866. Coll. Archives d’Aix-les-Bains, 15Fi1213.

Ill. 6. Plan de la ville d’Aix-les-Bains, 1899. Coll. Archives d’Aix-les-Bains, 15Fi1046.
En 1892, Aix compte 50 hôtels et 75 villas mais il demeure encore difficile de se loger l’été. Ainsi, les années 1880-1890 sont marquées par l’apparition d’hôtels de premier ordre et de palaces proposant tout le confort moderne: lumière électrique, ascenseur hydraulique, téléphone, salle d’eau, et omnibus. Les hôteliers, notables d’un nouveau genre, s’imposent dans le paysage économique et politique de la cité et sont à l’origine parfois de lignées hôtelières (Rossignoli, Bernascon). A l’instar de la Côte d’Azur, Aix compte également un certain nombre de propriétaires ou gérants d’hôtels d’origine étrangère, notamment des Suisses (Martin-Rufenacht, Leder, Pignat). Enfin, l’activité étant saisonnière, certains s’implantent en hiver dans une villégiature méridionale, tels les hôteliers Garcin et Richard à Cannes puis Juan-les-Pins, Rolandais à Nice ou Gruffat à Monaco.

Ill. 7. Le Splendide Hôtel ouvert en 1884, propriété de Gaudens Rossignoli.Archives Château Brachet, s.d.
Contrairement à l’image véhiculée de léthargie hivernale, le «bijou des Alpes» se métamorphose en dépit du froid et de la neige. Les entreprises redoublent de zèle pour que les travaux soient achevés avant la fin du printemps, les chantiers fonctionnant parfois de nuit.
Outre l’hébergement, Aix-les-Bains doit s’équiper d’infrastructures de loisir, au gré des modes, au même titre que ses stations rivales. Ainsi, en 1882, un tir aux pigeons ouvre sous l’impulsion d’Adolphe Blondin, directeur notamment du stand de Monaco. Ce dernier dirige également l’hippodrome d’Aix installé dans la plaine de Marlioz, à partir de 1884.

Ill. 8. Hippodrome d’Aix-les-Bains, s.d. Département de la Savoie, Archives départementales [3ETP2, photothèque].
Entre 1895 et 1898, un golf est créé dans la forêt de Corsuet, mais l’éloignement du centre-ville est un frein à son succès. Un autre sport anglo-saxon s’impose à Aix dans ces mêmes années: le lawn-tennis. D’abord pratiqué au sein du parc thermal, il se joue également sur les courts bâtis par certains hôtels de luxe, avant d’avoir une véritable installation dédiée vers l’hippodrome, en 1909.

Ill. 9. Terrains de tennis du Splendide-Hôtel d’Aix-les-Bains, s.d. Coll. Archives d’Aix-les-Bains, 11Fi558.
Atout incontestable d’Aix-les-Bains, le lac du Bourget, pendant longtemps voie navigable pour le commerce et le transport des passagers entre la France et le Piémont, devient dans les années 1880-1890, une «immense topaze où se reflète un ciel bleu superbe»: des compagnies sillonnent ses eaux à destination de l’abbaye d’Hautecombe, des activités nautiques sont organisées. Ses berges deviennent un lieu de promenade et de contemplation, accessible depuis le centre-ville grâce à un service de voitures, avant l’arrivée du tramway en 1897.

Ill. 10. Le lac du Bourget depuis le grand port d’Aix-les-Bains, 1892. Coll. Archives d’Aix-les-Bains, 11Fi417.
Si Aix-les-Bains, de par son animation, ses multiples divertissements et sa fréquentation, rappelle «Paris dans un mouchoir de poche», son décor pittoresque au cœur des Alpes la transforme en un véritable «Éden estival», loin de l’asphalte surchauffé des boulevards.
«La nature semble avoir pris à tâche de faire d’Aix-les-Bains le coin le plus séduisant de la France. Des promenades superbes, de l’ombrage partout, un ciel toujours bleu, des vues splendides et, enfin, l’imposant lac du Bourget. Aussi, la station est-elle devenue le rendez-vous de tout le monde élégant, heureux de venir s’y reposer des fatigues de l’hiver».
Gil Blas, 10e année, n°3139 du vendredi 22 juin 1888, p. 2.
Après la cure matinale (le traitement thermal pouvant débuter à deux heures du matin selon les périodes), l’après-midi est consacré aux promenades en landaus, calèches ou à dos d’âne, dans les divers sites environnants : gorges du Sierroz, Chambotte, Mont Revard, Mont du Chat ou excursions plus éloignées vers la Grande Chartreuse et le réputé Mont Blanc, relié à Aix-les-Bains en huit heures en 1888.

Ill. 11. Chaise à porteurs à la descente de La Chambotte, ca. 1900. Coll.Archives d’Aix-les-Bains, 1Fi71_010.
En cette fin du XIXe siècle, les cimes de «la Suisse des pauvres» attirent de plus en plus les excursionnistes. Il devient impérieux d’en faciliter l’accès notamment aux valétudinaires en cure. De fait, dès 1892, un chemin de fer à crémaillère relie Aix au Revard, agrémentant la station thermale d’une station climatique à plus de 1500 mètres d’altitude, dotée de deux chalets-hôtels dirigés les premiers temps par César Ritz.

Ill. 12. Hôtels-restaurant du mont Revard, s.d. Coll. Archives d’Aix-les-Bains, 11Fi2029.
Inspirés par ce succès naissant des cures d’air, quelques Aixois, dont l’entrepreneur de travaux publics Léon Grosse, lancent la station climatérique des Corbières, à mi-chemin entre Aix-les-Bains et le Revard. Malgré le séjour des reines de Hollande en 1896, la société est liquidée en 1912, en raison de l’éloignement du site et de son manque de rentabilité à l’heure où le capitalisme triomphe.
Le temps des spéculateurs (1879-1914)
L’année 1879 marque un nouvel essor pour Aix-les-Bains avec la création d’un second casino, la Villa des Fleurs. Si les deux casinos sont géographiquement proches, ils différent en termes de fréquentation:
«Le Grand Cercle est le passe-temps sérieux des baigneurs, le rendez-vous des familles; la Villa des Fleurs, c’est le coin parisien, dédié au plaisir, illuminé de diamants et de jolies filles, éclairé, alerte et vivace d’allures comme les Champs-Elysées par une belle soirée de juin. Nécessairement, ces frères ennemis vivant ainsi côte à côte, rivalisent et se font une concurrence aussi coûteuse qu’acharnée. […] La simple grille qui les sépare est plus haute que la Tour Eiffel».
Gil Blas, 14e année, n°4636 du jeudi 28 juillet 1892, p. 1.
Ce nouveau casino fait entrer Aix-les-Bains dans un capitalisme entaché de compromissions et de scandales, allant jusqu’à faire chanceler la IIIe République. Véritables «casinocrates» exerçant une influence sur les pouvoirs policier, judiciaire, politique et médiatique, les tenanciers de casinos ou fermiers des jeux d’Aix sont présents dans d’autres villes d’eaux et forment parfois de véritables trusts des tapis verts à l’échelle nationale et même européenne, comme c’est le cas de Charles Bertrand: ancien cocher chez les Rothschild, devenu maire de Cabourg, ce «généralissime du baccarat» est, en 1901, tenancier des maisons de jeux d’Aix-les-Bains, Cabourg, Nice, Vichy et Biarritz et de nombreux cercles parisiens, associé notamment à l’homme d’affaires belge Georges Marquet, le «Napoléon des jeux».

Ill 13. Le casino de la Villa des Fleurs, ca. 1905. Archives Château Brachet. Portrait de Charles Bertrand.
La rivalité de plusieurs décennies entre les deux casinos laisse place en 1910 à une fusion, à la suite de tractations secrètes et de manœuvres obscures: la société fermière du Grand Cercle devient la «Société des casinos d’Aix-les-Bains», entre les mains de casinocrates peu scrupuleux.
A l’image de ces trusts de jeux, se forment des sociétés immobilières spéculant sur le foncier, telle la «Société immobilière des villes d’eaux» fondée en 1881 par quatre Parisiens. Dans le secteur de l’hôtellerie, on observe également la création de consortiums: à la figure de l’hôtelier succède celle de l’homme d’affaires. Ainsi, la «Société immobilière et d’exploitation des Grands Hôtels de l’Europe et Bristol», constituée en 1900 par Louis Tessier, est administrée par une majorité de Niçois: l’architecte Joseph Mars, le banquier Roissard de Bellet, le négociant Victor Debenedetti, ou encore Charles Choisnet, administrateur de la Société Annuaire Didot-Bottin–les deux derniers étant d’ailleurs impliqués dans la gestion du casino de la Villa des Fleurs. On le mesure, il s’agit, à l’aune du XXe siècle, d’investir dans des secteurs porteurs, d’adopter une stratégie de placements financiers.
Cette omnipotence des capitaux est également visible à travers la trajectoire de l’hôtelier Louis Rossignoli qui dirige, en 1910, la «Société des Hôtels Splendide-Royal et Excelsior», cotée en bourse. La liste des administrateurs, essentiellement parisiens ou suisses, reflète cet esprit affairiste. Outre cette société, Louis Rossignoli est appelé à la tête de la «Compagnie hôtelière de Marseille et de la Riviera» et devient administrateur du Carlton-Hôtel de Saint-Moritz, de celui de Lyon et du Majestic de Chamonix, déployant une activité au-delà du cadre aixois.
C’est notamment sous son action insatiable que le Revard tente de concurrencer Chamonix et se tourne vers les sports d’hiver dès 1909. Les années précédant la Première Guerre mondiale sont marquées par des tractations avec diverses sociétés capitalistes, anglaises, égyptiennes, américaines, concernant l’achat du chemin de fer du Revard ou des hôtels-restaurant.
De la popularisation du thermalisme à l’invention de la «Riviera des Alpes» (1914-années 2020)
La Première Guerre mondiale constitue un véritable coup d’arrêt à cet essor remarquable: les casinos sont fermés à l’été 1914, l’activité thermale s’arrête. Aix-les-Bains va se transformer en vaste hôpital militaire.

Ill. 14. Soldats blessés dans le hall de la Villa des Fleurs. Coll. Archives d’Aix-les-Bains 11Fi1096.
Durant l’entre-deux-guerres, un certain faste mondain perdure, les hôtes de marque sont encore nombreux, même si le gotha européen modifie peu à peu ses pratiques en matière de villégiature et de divertissements. Les stations de la Côte d’Azur développant un tourisme estival, la concurrence s’accentue pour la station savoyarde qui diversifie alors ses activités par l’implantation de l’usine La Savoisienne de constructions électriques.
Durant les années 1930, une politique volontariste vise à contrer les effets de la crise économique: la ville devient un chantier permanent sous l’impulsion de l’architecte Roger Pétriaux qui édifie entre autres un nouvel établissement thermal ou encore la plage municipale, lieu symbolisant un tourisme plus jeune et plus sportif.

Ill.15. Thermes Pétriaux, après 1932. Coll. Archives d’Aix-les-Bains 12Fi22_578.
Après la Seconde Guerre mondiale, le remboursement des soins par la Sécurité sociale dès 1947 transforme radicalement la fréquentation et la morphologie de la ville: les curistes remplacent les mondains, les commerces de luxe disparaissent peu à peu, les grands hôtels et palaces de la Belle Epoque sont reconvertis en copropriétés entre 1950 et 1965. Dans ces mêmes années, les bords du lac du Bourget connaissent un vaste aménagement urbain, la ville tentant de réduire la distance avec le centre-ville et de diversifier les lieux de baignade.

Ill.16. Vue aérienne des bords du lac, 1967. Coll. Archives d’Aix-les-Bains 1T17.
Si Aix-les-Bains devient la première station thermale de France dans les années 1980 avec près de 60 000 curistes, depuis le début du XXIe siècle la ville enregistre une baisse régulière de cette fréquentation, dans un contexte de crise du thermalisme traditionnel. Depuis 2000, un nouvel établissement thermal, propriété du groupe Valvital, a été édifié sur les hauteurs de la ville, spécialisé dans la rhumatologie et la phlébologie, proposant des cures courtes et des soins préventifs, disposant également d’un espace détente.

Ill.17. Spa thermal des thermes Chevalley, s.d. © BOLDINI-AIXRIVIERA.
L’établissement thermal primitif situé au centre-ville, racheté par la municipalité à l’Etat, est en cours de restructuration, voué à accueillir notamment une médiathèque et un Centre d’Interprétation de l’Architecture et du Patrimoine (CIAP). Forte de ces atouts multiples, Aix-les-Bains s’attache aujourd’hui à concilier la «pleine nature» (voie verte du lac du Bourget, croisières, pêche, paddle bike, gorges du Sierroz…), le «bien-être» (spas, yoga sur paddle, massages sur bateau électrique…), le patrimoine et la culture (Villa Collection d’art, abbaye d’Hautecombe, visites guidées du casino, des palaces et villas remarquables…) ainsi que «l’art de vivre» (festival Musilac, courses sur l’hippodrome de Marlioz…).
«Il était une fois, une ville au bord d’un lac qui offrait une qualité de vie sans égal. Ici pas de stress ni d’embouteillage. On prend le temps d’une virée shopping, d’une pause en terrasse, d’une bonne expo ou tout simplement d’apprécier les joyaux d’architecture qui se dévoilent sous nos yeux».
Site aix-les-bains-rivieradesalpes.com, septembre 2023.

Ill.18. Le massif de l’Épine, le lac du Bourget et la ville d’Aix-les-Bains, 2014. Inventaire général du patrimoine culturel © Eric Dessert.
Sources
- Archives municipales d’Aix-les-Bains
- Archives départementales de la Savoie
- Archives nationales – Sites de Pierrefite et de Paris
- Archives nationales du Monde du Travail
- Archives de la préfecture de police de Paris
- Bibliothèque nationale de France
- Lectura+ et Retronews (presse numérisée)
- Archives d’Etat de Turin
- Archives d’Etat de Genève
- Archives privées du château Brachet
- Archives privées de l’entreprise Léon Grosse
Bibliographie
- Arpin Nathalie, 2023, «De la question de la propriété des sources thermales à Aix-les-Bains: l’affaire Chevallay-Mollard contre l’Etat (1839-1864)». Actes du 48e Congrès des Sociétés savantes de Savoie, Aix-les-Bains, SAHA, p. 60-67.
- Arpin Nathalie, 2022, «Jean-Louis-Victor Bias (1814-1901). Itinéraire d’un “casinocrate”, célèbre inconnu d’Aix-les-Bains», SSHA, Arts & mémoire, n°108, janvier, p. 39-48.
- Arpin Nathalie, 2022, «Le casino et l’établissement thermal d’Aix-les-Bains: enjeux de pouvoir, objets de crispations identitaires (1848-1856)», dans Marc Ortolani, Françoise Briegel, Sylvain Milbach, Olivier Vernier (dir.), L’Administration en tension: les relations entre Turin et les périphéries dans les Etats de Savoie (XVIIIe-XIXe siècles). Nice, Serre Éditeur.
- Belle Elsa, 2015, «Tous à l’eau! Aix-les-Bains côté lac. Baignades sur les rives aixoises du lac du Bourget, XIXe – XXe siècles», Les carnets de l’Inventaire: études sur le patrimoine – Région Rhône-Alpes. En ligne.
- Belle Elsa, Gras Philippe, Joël Lagrange, 2022, Aix-les-Bains, carrefour des villégiatures. Lyon, Éditions Lieux-dits, 207 p.
- Boyer Marc, 2013, Le thermalisme dans le grand sud-est de la France, Grenoble, PUG, 420 p.
- Frieh Geneviève, Rault Pierre, 1984, Le Grand Cercle d’Aix-les-Bains. Histoire d’un casino. Aoste, Musumeci éditeur, 315 p.
- Harsany Zoltan-Etienne, 1982, La Vie à Aix-les-Bains au XIXe siècle (1814-1914). La Ravoire, Imprimerie Filsnoël, 435 p.
- Penez Jérôme, 2005, Histoire du thermalisme en France au XIXe siècle. Eau, médecine et loisirs. Paris, Éditions Economica, 331 p.
- Pischedda Carlo, Sarnicelli M. L. (a cura di), 1973-2004, Camillo Cavour. Epistolario. Florence, 17 vol.
- Sueur Serge, 2021, Palaces d’Aix-les-Bains. L’héritage des Rossignoli. Splendide, Royal, Excelsior, Aix-les-Bains, Les Amis des Palaces Rossignoli, 279 p.
- Toulier Bernard, Rose Caroline, 2003, Villes d’eaux. Stations thermales et balnéaires. Paris, Imprimerie nationale, 176 p.
- Wallon Armand, 1981, La vie quotidienne dans les villes d’eaux (1850-1914). Paris, Hachette, 349 p.