Projet scientifique
Le projet scientifique s’articule autour de 4 axes de recherche.
Axe 1 : Tourisme et transformations socio-économiques, culturelles et environnementales
Cet axe interroge la capacité du tourisme et des loisirs à générer des évolutions des sociétés et des espaces, entre logique de continuités, résistances, transgressions et ruptures. La troisième révolution touristique, amorcée depuis les années 1980, s’illustre par la mondialisation de ses pratiques sur les cinq continents. Cette diffusion, se caractérise par des modèles différenciés, participant aux transformations des sociétés et des territoires dans des logiques pluri-scalaires, depuis les phénomènes de métropolisations, jusqu’aux mutations des villages touristifiés. Cet axe aspire à questionner le rôle du tourisme dans l’habitabilité du monde et sa soutenabilité, face aux évolutions conjoncturelles et structurelles globales sur le temps long (crises sanitaires, changement climatique, extension des mobilités, révolution numérique, instabilité politique, etc.). Il questionne, notamment, les effets complexes de la mise en tourisme des territoires et sociétés sur l’emploi, les structures sociales, les cultures, l’environnement, les patrimoines matériels et immatériels. Il s’agira notamment de mettre en évidence l’apport des études touristiques à la compréhension des phénomènes dits « d’émergence » ou de « transition », au centre de débats dans de nombreux champs disciplinaires (géographie, sociologie, écologie, histoire, économie, droit, gestion, marketing, etc.).
Axe 2 : Tourisme et inégalités : fractures, conflits, inclusions
Cet axe nourrit le dessein d’étudier la « répartition » différenciée, et les inégalités possiblement générées, des phénomènes touristiques, émetteurs et récepteurs, en croisant les approches sociologiques, géographiques, historiques, économiques, écologiques, patrimoniales, juridiques et gestionnaires. Les points d’entrée peuvent être les personnes et les groupes sociaux (touristes et populations locales), les entreprises (y compris dans les dimensions emploi et travail), les produits et les marchés, les hébergements, les modes de transport, les usages de l’espace, les territoires, les activités sportives ou culturelles, les temporalités, les paysages, etc. Dans la mesure où le tourisme constitue un prisme d’observation des dynamiques sociales, il favorise aussi l’analyse des clivages sociaux, des tensions socio-politiques, des concurrences, comme des conflits, dont le phénomène touristique peut être à la fois l’enjeu, le produit et le révélateur. La mise en tourisme de territoire peut, en effet, générer des phénomènes de fragmentation des sociétés et des espaces, de gentrification et d’exclusion des populations. Elle questionne aussi l’accessibilité aux lieux et aux pratiques, et interroge les processus d’inclusions, face aux inégalités sociales, comme aux handicaps physiques et mentaux. Cet axe privilégie donc l’analyse des rapports de pouvoir, de conflictualité, de vulnérabilité, mais aussi d’intégration.
Axe 3 : Tourisme et invention/réinvention des modèles avec les acteurs
Cet axe propose de questionner les modèles, stratégies et outils par lesquels les entreprises du secteur et les collectivités territoriales peuvent imaginer des offres innovantes, tout en renouvelant les formes organisationnelles capables de les produire. Identifier ou construire les cadres d’analyse permettant de décrire et comprendre les logiques d’invention et d’innovation devient, comme dans d’autres domaines, une question centrale pour les entreprises et les collectivités publiques, ainsi que, plus largement, pour l’ensemble des acteurs du tourisme. Dans ce cadre, l’axe 3 interroge la capacité de résistance, de résilience, mais aussi d’innovations, des entreprises et des territoires, devenant primordiaux, dans un monde soumis à des transformations structurelles et conjoncturelles pouvant être drastiques (crises sanitaires, instabilités politiques, changement climatique, révolution numérique, IA, etc…) L’objectif est aussi d’aider les équipes de chercheurs aspirant, dans une logique plus applicative, à proposer des modèles visant à accompagner l’adaptabilité et la capacité de réinventions, entre continuité et ruptures, des acteurs publics et privés du tourisme.
Axe 4 : Tourisme et réflexions épistémologiques, interdisciplinarité, interculturalité
La recherche en tourisme se définit aujourd’hui, notamment, au travers de son ouverture à l’interdisciplinarité, comme en atteste l’existence de nombreuses revues scientifiques se réclamant de ce pluralisme. Cette dernière résulte du caractère global et complexe du tourisme, reconnu comme un agent de transformation des sociétés, tant des points de vue économique, social, culturel, et environnemental. L’interdisciplinarité ne remet pas, toutefois, en question l’apport disciplinaire, mais aspire à établir une dynamique dialectique avec les disciplines institutionnalisées, pour co-construire de nouveaux modèles de réflexion. Or, l’étude du tourisme, devenu phénomène mondial mobilisant des chercheurs sur tous les continents, exige aussi de prendre en considération le dépassement de la recherche occidentale. Cette situation induit la nécessité de repenser la recherche en tourisme en intégrant la diversité culturelle, qui s’exprime tant au travers des objets d’étude, que de leur construction par la cognition des chercheurs. De ce fait, l’axe 4 à pour dessein de favoriser les études épistémologiques de la recherche en tourisme, intégrant la diversité, tant par l’interdisciplinarité, que par la recherche interculturelle, définie comme une démarche reposant à la fois sur l’objet et la méthode. Comme champ de recherche, elle porte, sur l’étude de la diversité culturelle (y compris la comparaison d’un même phénomène d’une culture à l’autre), les changements culturels, sociaux et psychologiques, créés par les contacts entre groupes de différentes cultures, et les processus d’interaction entre individus et groupes de cultures différentes. Comme approche méthodologique, elle induit la nécessité de décentrement, reposant sur la consciencialisation du caractère construit de la connaissance et la subjectivité du chercheur, en interaction avec les sujets observés. Elle suppose notamment la création de consortium interculturel, des transferts et adaptations de méthodes, et enfin la confrontation et la déconstruction des concepts.