Blitz (Gérard)
Gérard Blitz: fondateur du Club Méditerranée
Cette entrée a été publiée dans le Dictionnaire biographique du mouvement social (nouveau Maitron), C. Pennetier (dir.), 2006
Gérard Louis Blitz est né le 18 février 1912 à Anvers. Il est décédé le 3 mars 1990. Son père était juif, sportif de haut niveau et diamantaire. Sa mère, catholique convertie au judaïsme, était propriétaire d’un institut de beauté. Résistant durant la Seconde guerre mondiale, fondateur de l’association Club Méditerranée, il a fait de sa passion, son métier.
De nombreux écrits confondent les deux Gérard Blitz. Le premier (1901-1979), champion de natation, médaillé aux Jeux olympiques de 1920 (médaille de bronze du 100 mètres dos en 1’19’’ et médaille d’argent avec l’équipe belge en water-polo), de 1924 (médaille d’argent avec l’équipe belge en water-polo), de 1936 (médaille de bronze avec l’équipe belge en water-polo) et recordman du monde du 400 mètres dos en 1921, est l’oncle du second, fondateur du Club Méditerranée en 1950. Ce dernier est également un nageur de haut niveau. Son père, Maurice Blitz, croit dans la libération de l’homme par le socialisme. Il considère le sport comme un moyen éducatif. Il répète chaque jour à son fils le précepte: «un esprit sain dans un corps sain» et défend une conception sportive inspirée de l’olympisme de Pierre de Coubertin mettant en avant les valeurs de l’amateurisme et la loyauté dans le combat. Il transmet à son fils cette passion pour le sport. Diamantaire, il gagne assez facilement sa vie. Dès qu’il a assez d’argent, il se consacre entièrement à la natation. Du côté maternel, les frères et sœurs sont soit avocat soit médecin. À l’école, Gérard est un élève moyen. À 16 ans, il apprend auprès de son père le métier de cliveur de diamants. Il passe la moitié de ses journées à la piscine encouragé par son père. Il apparaît plutôt comme le fils de l’entraîneur que comme un champion à part entière. En dépit d’un fort potentiel physique, il pratique la natation plutôt en dilettante. Gérard acquiert, néanmoins, une réputation en water-polo. Il est, à plusieurs reprises, champion de natation de Belgique. À 23 ans, il se marie une première fois. Il a quatre enfants. Seule sa fille, Hélène Perry-Blitz, a travaillé au Club Méditerranée. En 1936, Gérard refuse d’aller aux Jeux olympiques de Berlin, convoque la presse en cachette, ce qui provoque un scandale dans la famille. Il est remplacé par son oncle du même nom, qui a fait partie des médaillés juifs à Berlin. En 1948, il épouse sa seconde femme: Claudine Blitz qui avait vécu à Tahiti. C’est grâce à elle qu’il découvre à la fois le bouddhisme et la Polynésie. Ces deux éléments constituent des sources idéologiques importantes de l’hédonisme du Club Med, qui introduit et diffuse des éléments polynésiens (paréos, colliers de fleurs, cases, etc.).
Durant la Seconde Guerre mondiale, Gérard est d’abord intégré dans un régiment à cheval d’élite en raison de son statut de champion de natation dans la perspective des matchs inter-régiments. Arrêté à Anvers, il est libéré grâce aux connaissances que lui procure son statut de champion. Après la défaite belge, il décide d’aller en Suisse avec sa famille. Il organise un réseau de renseignements et de passage de la France vers la Suisse. Après la guerre, il est chargé par le gouvernement belge d’organiser le repos des prisonniers de guerre avant leur retour au pays. À la Libération, Gérard Blitz retourne à Paris. Il ouvre un magasin de vêtements. En 1949, il va à Calvi au Club Olympique tenu par Dimitri Philippoff et Mario Lewis (l’époux de sa sœur, Didy Blitz), ses amis nageurs. Il est très vite inspiré par la formule de vacances proposée. L’année suivante, Gérard Blitz et Paul Morihien (autre ami nageur, secrétaire personnel de Jean Cocteau) lancent chacun de leur côté des clubs de vacances: les Villages Magiques et le Club Méditerranée. Ces deux associations fusionnent en 1956: le Club Méditerranée absorbe les Villages Magiques. En développant une conception hédoniste des vacances, Gérard Blitz, à travers le Club Méditerranée, est un précurseur des formes de vacances dominantes à partir des années 1960. Vouer ses vacances à la quête des plaisirs est relativement nouveau en 1950. Cette conception des vacances se développe, néanmoins, très rapidement. Le Club Méditerranée se transforme dès 1957 en Société anonyme à capital variable. En 1961, Edmond de Rothschild comble un déficit d’un milliard de centimes de l’époque et acquiert 34 % du capital de la nouvelle société- une Société anonyme bientôt cotée en Bourse. Au cours des années 1960, Gérard s’intéresse de plus en plus au yoga et aux philosophies orientales. Il se retire progressivement du Club Med et devient moine bouddhiste le 27 février 1974 Gérard Blitz par maître Taisen Deshimaru.
Bibliographie
- Blitz Gérard, 1990, La Vacance : entretiens avec Bruno Solt, Devry, Paris.
- Raynouard Yves, Peyre Christiane, Histoire et légendes du Club Méditerranée, Seuil, 1971.
- Entretien avec Hélène Perry-Blitz par Bertrand Réau, le 9.5.2001 à Cannes. Durée : environ 5 heures.
- Le Nouvel économiste, octobre 1978, n° 153, p. 44-49.