Gstaad
L’émergence de Gstaad comme station touristique naît en raison de l’arrivée de la ligne de chemin de fer Montreux-Oberland-Bernois (M.O.B) ardemment désirée par les autorités locales. Il connaît un essor envié par beaucoup de stations pour devenir aujourd’hui une place to be où personnalités politiques, sportives, culturelles se pressent été comme hiver.
Une station née du train
La naissance de Gstaad (1000 mètres) comme station de montagne tient à un facteur: le train. Il est l’exemple parfait du processus qui voit le mobile créer la destination. Rien ne présageait en effet que cette bourgade agricole d’une centaine d’habitants, nichée dans les Préalpes bernoises, connaisse l’évolution qu’elle a connue et la réputation dont elle jouit. Quand les promoteurs de la Compagnie du Montreux-Oberland Bernois, ligne qui doit relier Montreux au bord du Lac Léman à Interlaken, au bord du Lac de Brienz, planifient sa construction au début du XXème siècle, ils ne prévoient pas d’inclure la bourgade dans leur projet. Un passage par Gstaad requiert un détour et impose la construction d’un pont ainsi que la nécessité d’affronter ensuite une pente plus raide. À leurs yeux, les coûts résultant de ce supplément de travaux –soit plusieurs millions de francs à l’époque– ne présentent aucun bénéfice. Provenant des autorités locales parce que se sentant lésées, d’intenses pressions politiques sur le gouvernement du canton de Berne ont néanmoins raison du refus de la compagnie.
En juillet 1905, l’inauguration de la gare de Gstaad amorce un développement touristique qui reste encore en partie à expliquer. Comme dans beaucoup d’autres stations de montagne, la force de la trilogie hôteliers-commerçants-habitants (surtout paysans) est à souligner. Elle participe à l’aménagement d’infrastructures qui donnent rapidement à Gstaad les moyens de ses ambitions: patinoires, courts de tennis, piscines, tremplin de saut à ski, aménagement de domaines skiables, remontées mécaniques et autres outils d’entretien. La fondation d’un ski-club en 1907 prouve l’intérêt voué par des locaux et les premiers visiteurs envers les sports d’hiver naissants. En 1913, un hôtel de luxe est construit, et, en 1920, un millier de lits sont offerts à une clientèle avide à la fois de calme, durant l’été, mais aussi des joies du ski, l’hiver. L’implantation d’écoles internationales, notamment celle du Rosey qui ouvre en 1916 son campus d’hiver, renforce la dimension élitiste de la station.
L’emprise du luxe s’affirme à Gstaad
C’est surtout dès la fin de la Seconde Guerre mondiale que la localité expérimente un développement où le caractère mondain devient prédominant. Dès 1946, l’usage civil de l’aérodrome militaire proche de Saanen facilite la venue d’une clientèle cosmopolite. En 1947, Richard Nikolaus de Coudenhove-Kalergi y fonde l’Union Parlementaire européenne. À la demande du directeur de l’Office du tourisme de l’époque, la création en 1957 par le célèbre violoniste Yehudi Menuhin d’un festival de musique assoit une reconnaissance mondiale qui voit les fidèles revenir chaque année. Sur le plan sportif, un tournoi de tennis sur terre battue, organisé dès 1915 et qui accueille chaque été les meilleurs joueurs et joueuses du monde prend son envol médiatique. Avec beaucoup d’autres, toutes ces manifestations profilent Gstaad comme une station de prestige. À côté des hôtels, la construction de chalets de résidence fait aussi l’objet d’une publicité abondante et se matérialise par la venue de célébrités de cinéma (Roger Moore, Roman Polanski), de la variété (Johnny Halliday, David Bowie, Madonna) ou des affaires (Gunther Sachs, Ernesto Bertarelli), bref un conglomérat de stars aimant se retrouver ou se montrer et prouvant que tourisme et mondanité ont toujours fait bon ménage (Illustration 2).
Bibliographie
- Dubler Anne-Marie, 2007, Gstaad, dans Dictionnaire historique de la Suisse (DHS), version du 06.03.2007, traduit de l’allemand. En ligne.
- Steiger Rolf P. et Tschanz Hans-Ulrich, 2006, Gstaad und die Menuhins, Verlag, Benteli.