Sociabilité
La sociabilité est une pratique touristique un peu particulière dans le sens où elle est présente dans toutes les combinaisons comme une dimension transversale. Elle peut cependant devenir essentielle dans les représentations d’individus qui la survalorisent ou dans certaines destinations. Inversement, la misanthropie et l’entre soi constituent des valeurs pour d’autres, voire les mêmes à d’autres moments.
La sociabilité pratique transversale
La sociabilité est omniprésente en tourisme puisque par définition, les touristes s’installant ailleurs, entre en contact avec d’autres, les habitants. Certes, dans certaines situations, les comptoirs notamment, mais aussi dans les établissements, les autochtones sont surtout et avant tout des employés. Les uns et les autres sont mis en contact par la relation de service. La présence des uns crée des emplois pour les autres. D’une manière générale la société localisée tire un profit plus ou moins substantiel de celle, passagères, des autres. Au-delà, la rencontre est loin d’être évidente ni facile, les locaux sont le plus souvent occupés et ne maîtrisent pas souvent/toujours les codes et les langages des habitants temporaires. Ces derniers peuvent se satisfaire d’un entre soi qui flatte leurs égo.
Ensuite les touristes rencontrent aussi les autres touristes. Cette rencontre n’est pas toujours du goût de tout le monde. Dans certaines destinations, les individus accueillis sont sélectionnés selon des critères notamment sociaux. Ainsi, aussi bien à Maurice qu’aux Maldives, le projet initial visait à n’accepter que les plus aisés. Des tarifs aériens élevés et un contrôle de l’accès aux hébergements, excluant notamment l’accueil chez l’habitant, permettaient une sélection sociale efficace. L’évolution a introduit une diversification avec l’apparition de locations chez les habitants proposées à des tarifs réduits. Les touristes eux-mêmes tendent à privilégier les contacts avec les individus qui leurs ressemblent le plus.

Ill. 1. La rencontre comme moteur de pratiques touristiques (source : Vacher et Sacareau, dans Équipe MIT, 2011)
Enfin, rencontrer les autres cela peut être aussi des parents, des amis ou de la famille, tant le moment des vacances est intéressant pour révéler certains aspects de la personnalité des uns ou des autres, ce que la vie au quotidien ne montrait pas. Combien d’amitiés et d’amour s’achèvent avec les vacances et combien naissent, suite à la rupture ou juste avant ce qui la provoque.
La sociabilité est activée dans certains micros lieux
Progressivement ont été implantés des composantes destinées à favoriser l’épanouissement de la sociabilité dans des lieux touristiques dotés à d’autres pratiques. Ainsi les promenades, apparues dans les villes au 17e siècle, les piers perpendiculaires à la mer, les kursaal et les casinos diffusés au XIXe. Il en va de même pour certains hébergements propices à la rencontre comme les auberges de jeunesse ou l’hôtel Treinta à Majorque où dans les années 1990, seul.e.s les client.e.s de 30 ans maximum pouvaient y séjourner. A quand l’hôtel Ochenta? A sa manière, le Club Méditerranée est aussi un lieu de la rencontre, même si le repos, le jeu et la découverte peuvent compléter le séjour.
La sociabilité a aussi contribué à la renommée de certains lieux
La rencontre avec les autres et la fête sont également des composantes essentielles dans certains lieux. Des villes sont ainsi renommées pour leurs carnavals, comme Rio de Janeiro, Venise, ou Nice. D’autres sont connus pour leur dimension festive. Ainsi, Ibiza, tout en étant une destination balnéaire classique pour les familles, est devenue un haut lieu du clubbing. Favorisée par sa situation insulaire, l’isolement a permis qu’y règne un climat de liberté pendant la période du gouvernement dictatorial et rigoriste du Général Franco accueillant la communauté hippies (Rozenberg, 1985) puis la communauté gay. De même en Chine, Lijiang s’enorgueillit du titre de ville de l’amour où les bandes de jeunes étudiantes et étudiants se retrouvent chaque été pour mener une vie sexuelle fustigée ailleurs dans le pays.
Bibliographie
- Rozenberg Danielle, 1985, Tourisme et utopie aux Baléares. Ibiza, une île pour une autre vie. Paris, L’Harmattan, coll. «Tourismes et Sociétés», 200 p.