Aubert Octave-Louis

Octave-Louis Aubert: promoteur local actif du tourisme

Éditeur, écrivain, journaliste, Octave-Louis Aubert (1870 à Paris-1950 à Saint Brieuc) est une personnalité économique très influente de Bretagne dans la première moitié du XXe siècle. Préoccupé par le développement économique de la Bretagne, sa région d’adoption, il joue un rôle central dans les débuts de son développement touristique, notamment en initiant des syndicats d’initiative, favorisant la planification de station balnéaire et surtout en éditant la revue la Bretagne touristique. Parallèlement, en accordant un appui éditorial et matériel aux artistes bretons réunis dans le mouvement des Seiz Breur, il a également apporté sa contribution au mouvement régionaliste breton d’entre les deux guerres.

Orphelin de père, autodidacte n’ayant que le certificat d’études primaires, il vient s’établir à Saint-Brieuc en 1893 et entame une carrière journalistique: d’abord au Réveil breton, puis au journal Le Démocrate, il mène également une activité de conférencier. En 1899, il devient rédacteur en chef du journal Le Progrès des Côtes-du-Nord. Il se lie d’amitié avec deux personnalités républicaines et régionalistes ayant alors une grande influence: Charles Le Goffic et Anatole Le Braz. Plus tard, il entretient également des liens d’amitié avec l’écrivain Louis Guilloux, membre du parti communiste.

L’infatigable promoteur du tourisme en Bretagne

En 1907, il est un des fondateurs du syndicat d’initiative à Saint-Brieuc, association spécialisée dans la promotion touristique, et il donne des conférences sur la côte nord de la Bretagne pour convaincre les habitants de l’utilité d’une politique d’accueil des touristes. Quatre autres syndicats d’initiatives ayant été créés, il les fédère, en 1912, dans un comité départemental qu’il préside. Il agit de même vis-à-vis du comité de Bretagne, fondé en 1920. En 1922, il crée, avec le photographe Raphaël Binet, la revue mensuelle la Bretagne touristique dont le but est exprimé ainsi:

«Être l’organe indispensable au développement du tourisme breton, un organe de défense et illustration des lettres, arts, sciences, mœurs, rites, costumes, produits naturels et manufacturés, etc. et le conservateur par excellence des sites et monuments»

Cité dans Cabon H., Soubigou A., Louyer-Roussel Ch., Octave-Louis Aubert, écrivain, éditeur, une vie pour la Bretagne [exposition], Saint-Brieuc, [Bibliothèque municipale], ASIA éd. 2007.

La promotion de la Bretagne comme destination touristique est le but mis en avant, cependant, le sous-titre, «revue illustrée des intérêts bretons» indique que la visée est plus large dans le contexte d’un mouvement régionaliste breton qui s’éveille. La politique éditoriale vise à présenter les atouts touristiques du pays en faisant largement appel à la photographie et aux illustrations d’art. La qualité du support vise aussi bien à préparer les Bretons à l’accueil des touristes en leur dévoilant les beautés de leur région, qu’à attirer les touristes potentiels. Les grands artistes de l’époque y sont publiés: Mathurin Méheut, René-Yves Creston, l’âme des Seiz Breur après la disparition de Jeanne Malivel en 1926, Jean-Charles Contel, Erest Guérin, Charles-Jean Hallo, dit Alo, Charles de Kergariou, etc. Certains d’entre eux ont une renommée déjà bien établie à Paris. Octave-Louis Aubert y signe lui-même de nombreux articles, sur un grand nombre de sujets, y compris des critiques d’art.

En 1935, la revue voit son titre réduit à La Bretagne et reçoit alors le soutien du quotidien, l’Ouest-Eclair. En parallèle à cette publication, depuis 1926, Octave-Louis Aubert a créé une collection de livres d’art destinés aux bibliophiles. Les Éditions de «La Bretagne Touristique», se transformeront en Éditions Octave-Louis Aubert et éditent une trentaine de livres d’art et de beaux-livres dont certains ont pour auteurs des écrivains célèbres (Anatole Le Braz, Charles Le Goffic, Louis Guilloux) ou sont illustrés par des artistes de premier plan, sans jamais perdre de vue la promotion de la Bretagne.

Entraîneur d’hommes, Aubert devient président de la Chambre de commerce des Côtes du Nord de 1930 à 1945. Il soutient le projet de construction du barrage hydroélectrique de Guerlédan et les créations planifiées de stations balnéaires, comme Sables d’Or les Pins. Il prend également conscience des dangers que peuvent courir les plus beaux éléments du patrimoine matériel et immatériel de la Bretagne et se méfie d’une folklorisation de la culture bretonne. Désigné comme président du Comité breton pour l’exposition internationale des arts de 1937, il joue un rôle de stimulateur pour faire du futur pavillon de la Bretagne une œuvre moderne d’où est banni «le pittoresque inutile, les biniouseries» (Cabon et al.) Fait chevalier de la légion d’honneur en 1939, Octave-Louis Aubert accueille à son domicile un des émetteurs du réseau de la Résistance Turquoise durant la seconde guerre mondiale, puis un autre dans son bureau à la Chambre de commerce de Saint-Brieuc (Monnier, 2012). Après une vie si active et bien remplie au service de la Bretagne, il meurt à Saint Brieuc en 1950, reconnu de ses pairs et constitue un exemple de ces hommes actifs promoteurs du tourisme dans les régions.

Manuelle AQUILINA

Sources et bibliographie

  • Andrieux Jean-Yves et Harismendy Patrick (dir.), 2011, Initiateurs et entrepreneurs culturels du tourisme (1850-1950), Rennes, PUR.
  • Cabon Hervé, Loyer-Roussel Christine, Soubigou André, 2007, Octave-Louis Aubert, écrivain, éditeur…une vie pour la Bretagne, Paris, Asia.
  • Monnier Jean-Jacques, 2012, «Louis-Octave Aubert (1870-1950)», dans: Le Peuple breton, no 582, p. 30-31.