Appel à textes – « Le tourisme à quel prix ? Économie et financiarisation du tourisme »

Contexte

Les données se référant au pourcentage du PIB et aux milliers d’emplois que représente le secteur sont souvent les premiers éléments présentés dans les textes relatifs au tourisme. Ceux-ci justifient toute l’importance nationale et internationale accordée à cette industrie, et la nécessité de la soutenir.

Mais, au-delà de ces arguments habituels, comment se crée, se distribue et se capte l’argent au sein des activités touristiques ? Quelles sont les modalités d’accumulation de la richesse, comment les conditions de l’accumulation sont-elles mises en place par les acteurs du tourisme, et qui a le pouvoir de mettre en place ces conditions ? Ces questions, aussi simples soient-elles, trouvent peu de réponses malgré un important discours économiciste et une masse de recherches sur la dimension managériale du tourisme.

Ces trente dernières années ont vu apparaître de nouveaux acteurs, et une panoplie de façons de financer les projets : emprunt privé, programme d’investissement, inscription en bourse, collecte de fonds numériques ou financement participatif, société foncière, commandite, philanthropie (voir notamment le numéro de la revue Espaces, 2018). Les modalités de financement ont changé, tout comme leur échelle. Celles-ci illustrent aussi la complexification et la dématérialisation de l’économie touristique. La croissance rapide et spectaculaire du tourisme occulte souvent les conséquences tout aussi importantes qu’elle produit dans les sociétés locales. Le recours aux marchés fonciers et immobiliers pour financer l’économie touristique affecte l’aménagement du territoire, l’accès à la propriété, les capacités des communautés à organiser leur environnement, voire à penser leur environnement (Loloum et Aledo, 2018). Les modèles liés à l’économie numérique de l’échange ou à l’économie dite collaborative ont influencé la circulation de l’argent, entre soustraction à l’économie de marché, moyen d’enrichissement personnel et stratégie d’investissement. Les taxes touristiques participent également à la circulation de l’argent. Elles peuvent être mobilisées aussi bien pour gérer ou réduire les flux touristiques (McCartney, 2020) que pour protéger l’environnement (Usman et Adewale Alola, 2022). Enfin, la tolérance du tourisme aux activités économiques illégales, du transport de drogue à la prostitution en passant par les vendeurs à la sauvette, illustre sa capacité à camoufler les flux illicites d’argent et d’individus.

Ce numéro thématique propose des pistes de réflexion autour de différentes questions. Au-delà des discours liés à la création de richesse, comment cette richesse se répartit-elle ? Comment le financement du secteur touristique s’est-il mis en place et s’est-il transformé au cours de ces dernières décennies de croissance ? Quelles sont les répercussions de la financiarisation de cette industrie sur les communautés locales et sur l’industrie touristique elle-même ? Quelles relations existent entre argent public et argent privé ?

Sans s’y limiter, les textes peuvent porter sur :

Les modes de financement des organisations touristiques
Les politiques de financement
Les acteurs publics et privés de la financiarisation
La concentration du capital
L’externalisation des coûts
Les stratégies foncières et immobilières en tourisme
Les mécanismes de redistribution des revenus touristiques
L’économie politique du développement touristique
L’économie verte et le tourisme
L’économie « sombre » ou illégale du tourisme (marché noir et blanchiment)

Modalités de dépôt des propositions et calendrier

La date limite pour soumettre les contributions (résumé long) est le 31 octobre 2024.

Elles sont à adresser par mail à : mondes@mondesdutourisme.fr

La version définitive des articles sera à remettre pour le 31 janvier 2025.
La publication du numéro est prévue pour l’été 2025.

Des consignes aux auteurs et autrices sont précisées dans l’appel à texte. N’hésitez pas à cliquer ici pour le retrouver dans sa totalité.