Ville-étape

La ville-étape constitue une catégorie particulière au sein de la typologie des lieux touristiques, mais aussi par rapport aux villes touristiques. Pour la distinction entre ville ou village, le lecteur se référera à l’entrée Ville ou village touristique.

Caractéristiques

La ville, ou village, étape se distingue des villes et villages touristiques par la relative hégémonie de la fonction d’hébergement au sein de la palette des activités touristiques. Certaines étapes sont inclues dans une boucle réalisée par les touristes dans une pratique de découverte appliquée à une région caractérisée par une relative dissémination de sites. Souvent, le centre-ville est animé par les touristes qui l’habitent en soirée.

Ainsi, la ville de Tours dispose d’un équipement en hôtels surdimensionné en nombre de chambres par rapport à la fréquentation des lieux ouverts au public situés sur son territoire et dans l’agglomération. L’appréciation du décalage n’est pas simple à établir dans cet exemple puisque, par ailleurs, une partie des nuitées sont captées par la capitale, à partir de laquelle sont directement organisées des excursions vers les célèbres châteaux. En fait, le lieu fonctionne dans le cadre de la région touristique du Val de Loire, en complémentarité avec de nombreux sites qui atteignent ou dépassent le million d’entrées. Le graphique ci-après (Ill. 1) montre ainsi le décalage dans la fréquentation entre, d’une part, les sites isolés (le château de Chambord) ou dominant un village (Azay-le-Rideau, Chaumont-sur-Loire où le château accueille le Festival des Jardins où s’observe une remarquable progression de la fréquentation), et d’autre part, les établissements ouverts au public à Tours (Museum d’Histoire Naturelle, Musée des Beaux-Arts, Château de la ville, Musée du Compagnonnage, Cloitre de la Psalette), mais aussi à Orléans (Hôtel Groslot).

Ill. 1. Fréquentation des sites dans la région touristique du Val de Loire (réalisation: Philippe Violier d’après les données statistiques élaborées par le Comité Régional du Tourisme Centre – Val de Loire)

Variété: l’étape le long d’un grand axe

D’autres étapes s’inscrivent davantage comme une halte nécessaire le long d’un itinéraire assez long. L’animation vespérale est de fait moins présente. Saint-Jean de Maurienne (Ill. 2), accueille les voyageurs de passage, bourg opportunément situé le long d’une traversée des Alpes, structurée par l’autoroute A32, et, sur le versant français, juste avant le tunnel de Fréjus. Le lieu n’est pas dépourvu d’intérêt mais les touristes ont la tête ailleurs et fréquentent peu les rues du bourg (Ill. 3).

Ill. 2. Le cloître de la cathédrale à Saint-Jean de Maurienne (cl. Philippe Violier, 2022)

Là aussi, le nombre des habitants distingue les villages des villes, mais on sait ces seuils arbitraires et variables d’un pays à l’autre. Cependant, «village étape» est aussi un label «attribué par le Ministère de la Transition écologique aux communes qui répondent aux critères. Sur la route, les usagers sont informés de la proximité d’un bourg labellisé “Village étape”. Pour chaque village, l’obtention du label est liée au respect de critères très stricts. Ceux-ci sont particulièrement cohérents avec la notion d’itinéraire inhérente au label. Les valeurs paysagères et touristiques de l’environnement du village sont primordiales.» (source: https://www.village-etape.fr/les-villages-etapes/quest-ce-quun-village-etape/)

L’évolution de ces villes-villages-étapes reste liée au perfectionnement technique des automobiles et du développement des autoroutes. Le premier permet aux touristes de franchir des distances plus longues si bien que les étapes ont été sautées et ont perdu leur fonction touristique. Le second a relocalisé le flux ailleurs produisant même un «effet tunnel» que certains territoires ont tenté de déjouer comme le montre l’A75. De ce fait, on y rencontre des friches touristiques dont le meilleur exemple reste les hébergements/restaurants et garages, le long de certaines nationales comme la N7, chantée par Charles Trénet. Ou encore, la région dite des Alpes Mancelles, autrefois lieu de pause entre la région parisienne et la côte Atlantique, n’est plus aujourd’hui qu’un espace marginalisé.

Ill. 3. La rue principale de Saint-Jean de Maurienne. À gauche, une pancarte signale l’Hôtel Saint-Georges (cl. Philippe Violier, 2022).

Philippe VIOLIER