Week-end

En bon français: fin de semaine mais l’expression est rarement utilisée, au profit de l’anglicisme. C’est une période de temps libre qui concerne le tourisme car elle est propice à des échappées de courte durée.

Une institution assez récente

Le week-end s’est institué progressivement. En 1906, le dimanche est définitivement déclaré chômé pour tous les salariés (Beck, 1997), après plusieurs tentatives et bien que, pour la religion catholique ce jour doive être consacré au seigneur. Des dérogations en écartent cependant le bénéfice aux domestiques et ouvriers agricoles. Et il faudra attendre 1936 pour que le samedi suive, à l’exception des commerçants qui en général cessent leurs activités plutôt le dimanche et le lundi. Surtout, le rythme scolaire va continuer à imposer la classe le samedi matin jusque 1969, condamnant ainsi les parents concernés à renoncer à une parenthèse ailleurs, sauf à se justifier.

Bien sûr, comme l’exposent Norbert Élias et Eric Dunning (1994), le temps non travaillé n’est pas de fait un temps de loisir mais aussi un temps libre qui peut être consacré aux tâches que le reste de la semaine n’a pas permis de réaliser, comme la lessive, le repassage… et par ailleurs il faut poursuivre l’éducation des enfants, l’aide aux devoirs ou assurer les conduites pour les activités sportives ou culturelles des plus jeunes au moins. À noter cependant que les jours chômés sont le jeudi et le vendredi dans le monde musulman, et le vendredi et le samedi pour les personnes de confession juive.

Un temps propice au relâchement

Pour autant, cette période permet de s’échapper. Pour ceux qui en possèdent, la résidence dite secondaire est propice à une respiration et à un repli en famille. Il faut cependant en assurer l’entretien et le jardinage. Celles et ceux qui en sont dépourvus peuvent toujours compter sur des invitations que certains se plaisent à multiplier. Car, c’est aussi une scène sociale où la réussite est mise en scène.

Celles et ceux qui disposent d’un revenu confortable peuvent également solliciter le secteur marchand qui ne manque pas de propositions entre la maison ou la chambre d’hôtes à louer, les locations de courte durée, les résidences de tourisme, voire les déplacements rapides ou notamment à destination des capitales européennes. Les week-ends prolongés, grâce aux jours fériés opportunément placés, ou en mobilisant les périodes libérées par les réductions du temps de travail ou «RTT» sont particulièrement sollicitées dans ce dernier cas. Les compagnies aériennes low-cost facilitent l’expérience en proposant des vols à des prix très bas, grâce à des subventions et à une organisation pertinente. Les suppléments toutefois ménagent des surprises.

Vers une remise en cause?

L’évolution récente tend, d’un côté, à un rétablissement du travail le dimanche, plutôt sur la base du volontariat et contre des compensations. Par ailleurs, les commerces accueillent les clients pendant les soirées et également les week-ends dans les zones touristiques internationales créées par la loi du 6 août 2015. Mais d’autre part, la période de congé en fin de semaine tend à s’étendre et à intégrer le vendredi, en tout ou partie. Cette évolution contrastée entre les rythmes des uns et des autres rend compte, en partie, du casse-tête auquel les employeurs sont confrontés.

Les inquiétudes au sujet du réchauffement climatique vont-elles amener à passer davantage de week-end à proximité afin de limiter les déplacements, et donc la production de GES?

Philippe VIOLIER

Bibliographie

  • Beck Robert, 1997, Histoire du dimanche de 1700 à nos jours. Paris, Les Éditions de l’Atelier, 383 p.
  • Élias Norbert et Dunning Eric, 1994, Sport et civilisation. La violence maîtrisée. Paris, Payot, 396 p.