Village touristifié
Un village touristifié est un village dont le tourisme est devenu le principal moteur économique et l’agent essentiel de la dynamique sociale. C’est le pendant de la ville touristifiée dont il constitue la version rurale.
En effet, dans une partie des campagnes, en France celles dont les paysages pittoresques, les productions d’une agriculture restée diversifiées et orientées vers les produits du terroir, mais aussi dans les massifs de montagne, dans les régions de faible densité de population où le tourisme domine, les villages ont été touristifés. Cette mutation se manifeste de plusieurs manières.
Le cœur des bourgs a été abandonné par les activités agricoles qui se sont recomposées en périphérie, notamment dans les exploitations isolées en marge du territoire communal. Dans le même temps, il a été investi par des services liés à la fréquentation touristique, comme à Domme (Ill. 1), village perché et bastide royale fondée en 1281 qui domine la Vallée de la Dordogne, au sud de Sarlat-la-Canéda. Ainsi les rues principales sont investies par des hébergements, des restaurants, des commerces de bouche ou de souvenirs (Ill. 2). Le bâti a été patrimonialisé et offert au regard et aux visites, que ce soit les habitations anciennes, les ruelles, les places, les halles (Ill. 3, 4 et 5), ou les monuments comme les églises, plutôt romanes, ou les remparts. Les châteaux ne sont pas en reste mais sont plutôt isolés, voire postés en surplomb.
L’animation est devenue saisonnière, plutôt estivale dans les campagnes d’altitude modérée, tandis que dans les montagnes de plus haute altitude, une saison hivernale s’est développée à la faveur de la diffusion des pratiques de ski, alpin ou de fond comme à Morzine (Ill. 6). Il est fréquent de qualifier de station ces villages touristifiés de montagne mais cela prête à confusion si on retient qu’une station est un lieu créé par le tourisme. Car ces villages sont antérieurs et ne doivent pas leur création au tourisme (Ill. 7 et 8). Du coup, nous préférons le qualificatif de village touristifié pour un lieu d’autant plus submergé par le tourisme que sa petite dimension offre peu de résistance. À l’opposé, Avoriaz est un comptoir créé de toutes pièces, entre 1960 et 1967, à l’emplacement de chalets d’estive (Ill. 6).
La fréquentation importante qui se renouvelle à chaque saison a obligé les édiles à trouver des solutions aux engorgements. La circulation automobile est fortement réduite voire interdite et des parkings localisés à l’extérieur permettent aux touristes de laisser leurs véhicules (Ill. 9 et 10), tandis qu’au cœur du bourg pointent des signes d’urbanité (Ill. 11).