Réserve naturelle
Une réserve naturelle est une partie du territoire où la conservation de la faune, de la flore, du sol, des eaux, des gisements de minéraux et de fossiles et, en général, du milieu naturel, présente une importance particulière. Ce territoire est soustrait à toute intervention artificielle susceptible de le dégrader.
On distingue les réserves naturelles nationales (RNN), les réserves naturelles de la collectivité territoriale de Corse (RNC) et les réserves naturelles régionales (RNR) qui remplacent les anciennes réserves naturelles volontaires. La durée de protection est illimitée dans le temps. Leur gestion est confiée à des associations de protection de la nature dont les conservatoires d’espaces naturels, à des établissements publics (parcs nationaux, Office national des forêts…) et à des collectivités locales (communes, groupements de communes, syndicats mixtes…). Un plan de gestion prévoit les objectifs et les moyens à mettre en œuvre sur le terrain afin d’entretenir ou de restaurer les milieux. Il est rédigé par l’organisme gestionnaire de la réserve pour cinq ans.
Des réserves avec un pouvoir réglementaire
L’origine des réserves naturelles se rattachent aux réserves artistiques, instituées en 1861 et existantes jusqu’en 1967, et aux réserves d’initiative privées, comme la réserve de l’archipel des Sept-Îles. La loi du 1er juillet 1957 modifie la loi du 2 mai 1930, permettant le classement d’un site en «réserve naturelle». Le lac de Luitel, dans le massif de Belledonne, serait la première réserve créée, en mars 1961 (Violier et al., 2021: p. 150).
En 2019, la France compte 348 réserves naturelles sur près de 680.000 km2 mais la réserve naturelle nationale de Terres australes, créée en 2006, représente à elle seule 99% de ce total (Violier et al., 2021: p. 150).
La réserve naturelle a un pouvoir réglementaire. L’équipe qui s’occupe de la réserve au niveau local peut donc demander que certaines activités soient interdites sur cet espace pour éviter tout impact négatif sur l’environnement. Dans les réserves naturelles, l’activité humaine est généralement réduite mais ces aires protégées ont souvent beaucoup d’importance aux yeux des visiteurs et des touristes (Laslaz et al., 2020).
Une gestion parfois conflictuelle avec le tourisme
Dès les années 1950, la réserve de Camargue est ainsi confrontée à l’intérêt des touristes : sportifs amateurs de cheval, de canoë, de camping, ornithologues amateurs, curieux désireux de voir et de photographier quelque chose d’inhabituel, troupes de scouts, groupes scolaires ou d’organisation des loisirs. Le touriste y est alors refusé s’il ne présente pas de justification scientifique, pour être détourné vers la Petite Camargue qui, elle, n’est pas protégée dans ce cadre (Tallon, 1954).
C’est le modèle de développement touristique qui a été adopté dans cette région, où les opérateurs jouent de la confusion entre les différents espaces naturels pour promouvoir leur activité de circuit touristique. La réserve naturelle, créée en 1927 par la Société d’acclimatation et classée en 1975 (13 km²), est situé au sein du parc naturel régional de Camargue, créé en 1970 (plus de 1000 km²) qui n’englobe pas totalement l’espace naturel de la Camargue. Les visiteurs de la région sont promenés soit en-dehors des espaces protégés, soit dans le périmètre du parc naturel régional, alors que les points de visite sont circonscrits dans la réserve naturelle à quatre sites précis.
La surfréquentation touristique et ses impacts non maîtrisés sur la biodiversité peuvent entraîner la perte de certaines distinctions. La réserve naturelle de Scandola s’est ainsi vu refuser, en 2020, le renouvellement du diplôme européen des espaces protégés par la commission d’experts (Jolivet, 2020).
Bibliographie
- Jolivet Simon, 2020, «Régulation des flux touristiques dans les aires marines “hyper fréquentées”: la contribution du préfet maritime à la construction d’un ordre public écologique», Le droit maritime français. n°828, octobre.
- Laslaz Lionel, Cadoret Anne et Milian Johan, 2020, Atlas des espaces protégés en France. Des territoires en partage? Paris, Muséum national d’histoire naturelle, 120p.
- Tallon Gabriel, 1954, «La réserve naturelle de Camargue et le tourisme», Revue d’écologie, Terre et Vie. p. 111-115.
- Violier Philippe, Duhamel Philippe, Gay Jean-Christophe et Mondou Véronique, 2021, Le tourisme en France 1, approche globale. Londres, ISTE Éditions, 273p.