Mondialité (des lieux touristiques)

La mondialité des lieux touristiques est une qualité des lieux. Si nous définissons la mondialisation comme un processus de densification des liens entre les lieux du Monde, alors la mondialité est la mesure de cette densité. Il existerait ainsi plusieurs degrés de mondialité.

Le mot «mondialité» est apparu dans la langue française en 1960 pour exprimer le «caractère mondial de quelque chose» selon le CNRTL (créé par le CNRS, le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales est adossé au laboratoire Analyse et Traitement Informatique de la Langue Française – ATILF / CNRS – Nancy Université). Mais il est aussi mobilisé par des auteurs comme un processus concurrent de la mondialisation lorsque cette dernière est soupçonnée d’uniformisation. La mondialité dans ce sens est vertueuse et productrice de diversité: «nous promouvons la mondialité en réhabitant tous nos espaces, en luttant contre la folklorisation des différences, les réductions, les automatismes. Nous commençons par les plus proches, en cultivant tous les aspects de la vie, en renouant avec la capacité de produire, de s’exprimer, d’inventer… pour tous…» (Ott, 2013). Sans intervenir ici dans le débat, notre usage du mot «mondialité» s’inscrit dans le sens donné par le CNRTL.

La mondialité est alors la qualité des lieux inscrits dans la mondialisation du tourisme, c’est-à-dire dans la diffusion dans le monde de cette pratique. La mondialité, dès lors, consiste à apprécier les diversités des sociétés susceptibles de se rencontrer en un lieu donné, si toutefois les calendriers étaient en concordance, ce qui n’est pas toujours le cas. Par exemple, à Salalah, le long de la côte d’Oman, la plage est fréquentée l’été par les Saoudiens, qui y trouvent la fraicheur par rapport à leur pays de résidence, tandis que les Européens y viennent l’hiver pour trouver la chaleur et le soleil (Benjamin Barthe, Le Monde, 13 juillet 2017). Au contraire, dans les métropoles, là où la fréquentation n’est pas ou peu marquée par le rythme des saisons, les sociétés du Monde entier ont rendez-vous devant les plus grands monuments et aux événements marquants, comme la relève de la garde à Londres.

Ainsi, nous distinguons (Violier et Taunay, 2019), selon une méthode fondée sur l’analyse des catalogues des tour-opérateurs (voir Mondialisation):

  • des lieux à mondialité universelle que toutes les sociétés du Monde sont susceptibles de fréquenter;
  • des lieux à forte mondialité où se croisent plusieurs sociétés, mais pas toutes;
  • des lieux à faible mondialité où la coprésence est limitée à une ou deux sociétés.

Cette démarche aboutit à une carte touristique du Monde fondée sur les lieux et non les États (Ill. 1).

Carte sur la mondialité des lieux touristiques

Ill. 1: La mondialité des lieux touristiques (Réalisation Sigrid Giffon, conception Philippe Violier, dans Violier et Taunay, 2019)

Philippe VIOLIER

Bibliographie

  • Ott Laurent, 2013, «La Mondialité contre la mondialisation», dans Ott Laurent (dir.), Travail social, les raisons d’agir. Toulouse, Érès, coll. «L’éducation spécialisée au quotidien», p. 161-162.
  • Violier Philippe et Taunay Benjamin, 2019, Les lieux touristiques du Monde. De la mondialisation à la mondialité. Londres, ISTE Editions, 322 p.