Joanne (Guides)

Plusieurs grandes collections de guides de voyage ont dominé ce marché en plein essor dès le milieu du 19e siècle: les guides britanniques Murray, les Baedeker allemands, les Meyer germano-autrichiens et enfin les Joanne français. Toutes ont en commun la publication de nombreux titres mis à jour régulièrement, l’adaptation permanente aux événements tels que les expositions universelles ou les nouvelles destinations rendues accessibles par le développement des moyens de transport à vapeur. Tout au long du 19e siècle jusqu’à la Première Guerre mondiale, ces célèbres collections ont été très diffusées, laissant peu de place à des concurrents moins importants qui ne survivaient qu’en s’adressant à d’autres publics.

La collection des guides Joanne qui prend la suite de séries existantes (voir infra) s’insère dans le courant de ses concurrentes. Les guides Baedeker sont les plus entreprenants avec leurs titres en trois langues (allemand, anglais, français), rivales de Joanne et Murray, avant d’absorber Meyer (Ill. 1). Seuls les guides Joanne devenus Bleus existent encore.

Les quatre grandes collections de guides du 19e siècle

Ill. 1. Les quatre grandes collections de guides du 19e siècle jusqu’à la Première Guerre mondiale: Baedeker, Murray, Joanne et Meyer, par ordre chronologique d’apparition (schéma d’Hélène Morlier)

Un éditeur entreprenant: Louis Hachette

La construction de lignes de chemin de fer à partir de 1837 (Hannotin, 2019: p. 335) a incité les éditeurs de guides de voyage à produire des ouvrages adaptés à ce nouveau moyen de transport. L’idée leur était-elle venue par simple sens commercial ou s’agissait-il de commandes gouvernementales? Il est difficile de le savoir, mais trois éditeurs se sont lancés chacun à leur manière dans cette aventure. Napoléon Chaix (1807-1865) se spécialise dans la publication d’atlas, de guides liés aux chemins de fer, sa «Bibliothèque des voyageurs» (Guilcher, 1997) et surtout les horaires des trains (le fameux Indicateur Chaix). Ernest Bourdin publie d’élégants guides très illustrés qui rendent hommage au progrès et enfin, Louis Maison édite trois brochures très sobres. Un nouveau venu rachète les fonds de guides de ces deux derniers : il s’agit de Louis Hachette (1800-1864) (Mollier, 1999: p. 343‑347) qui, très proche des banquiers et du pouvoir impérial, met en place un système de diffusion dans les gares, inspiré des boutiques de W.H. Smith qu’il avait vues à Londres lors de sa visite de l’Exposition universelle en 1851. Les publications pour les voyageurs groupées sous le nom de «Bibliothèque des chemins de fer» de la Librairie Hachette sont vendues dans les kiosques installés dans les gares (Mistler, 1964: p. 121‑24). Ces guides font clairement l’apologie du régime impérial et de ses réalisations grâce aux textes, mais surtout aux gravures montrant les aménagements du territoire (tunnels, viaducs, gares, etc.) nécessités par la construction des chemins de fer (Ill. 2).

Guide Joanne De Paris à Nantes, 1856

Ill. 2. Les illustrations comme le texte mettent en valeur la modernisation du pays grâce aux chemins de fer (A. Joanne, De Paris à Nantes, 1856, coll. Hélène Morlier).

Très vite, Hachette comprend que, pour faire face à la concurrence spécialisée de Chaix, il lui faut améliorer la qualité de ses guides trop littéraires et imprécis. En rachetant le fonds de Louis Maison, il embauche celui qui avait commencé à se faire un nom dans le domaine: Adolphe Joanne bien connu pour son guide de la Suisse (1841) et d’autres titres parus chez Maison.

Ce dernier est l’éditeur des guides Richard célèbres en leur temps (publiés par Audin de 1823 à 1836, puis par Maison de 1836 à 1855) grâce à la proximité du nom de l’auteur H.A.O. Reichard (1751-1828) rédacteur des éditions successives et authentiques du Guide des voyageurs en Europe (1793-1823) (Guilcher, 1998). Joanne est chargé de mettre à jour certains titres Richard (beaucoup étaient obsolètes) ainsi que de répondre à la commande de nouveaux guides par Hachette. Celui-ci a déjà éliminé deux rivaux par ses acquisitions, mais ne parvient pas à anéantir Chaix dont les guides continuent d’exister jusqu’au décès de Chaix en 1865 et dont les autres publications ferroviaires lui survivent.

Une nouvelle collection

Voyageur chevronné, Adolphe Joanne (1823-1881) connait parfaitement les besoins d’un excursionniste : des renseignements à jour pour les transports, l’hébergement, les monnaies (même s’ils devaient être complétés sur place), des descriptions précises mais relativement brèves, des itinéraires bien construits, des indications d’ordre général sur les contrées faisant l’objet du guide et enfin des cartes et plans où figurent les noms des lieux évoqués dans le texte (Du Pays, 1859: XIV‑XV).

Joanne défend l’organisation des informations par itinéraires contre celle, souvent adoptée jusqu’alors, d’entrées alphabétiques des lieux: pour cette raison, ses guides portent tous le titre d’«Itinéraire».

Joanne s’entoure de nouveaux collaborateurs dont il connaît les compétences pour avoir travaillé avec certains d’entre eux pour l’hebdomadaire L’Illustration (Marchandiau, 1987: p. 17‑27). Par exemple, il confie les nouveaux guides de l’Italie et de la Belgique au critique d’art A. J. Du Pays (1804-1879). Il s’attache de nouveaux talents comme le Dr Émile Isambert (1827-1876) dont le nom reste lié aux guides de l’Orient ou d’Élisée Reclus (1830-1905), excellent connaisseur des montagnes et futur rédacteur de la titanesque Nouvelle Géographie Universelle.

La maison d’édition dirigée par Louis Hachette lui offre la possibilité d’acquérir une documentation importante et donc de surveiller la concurrence, mais aussi de collaborer avec le département de géographie où œuvrent Louis Vivien de Saint-Martin (1802-1897), puis Franz Schrader (1844-1924) (Ferretti, 2010). Les cartes et plans sont dessinés et adaptés au sein de la maison par une équipe à la pointe des connaissances géographiques françaises.

C’est l’usage qui donne son nom à cette collection des guides Joanne: aucun contrat avec l’éditeur n’entérine cette création qui peut être néanmoins placée en 1858.

Les itinéraires pour la France

La grande originalité des guides Joanne réside dans la mise au point de l’Itinéraire général de la France, série de douze guides (deux pour Paris et ses environs, dix pour les régions) qui couvre en une dizaine d’années l’ensemble du territoire (1861-1869). C’est une entreprise unique dont le but n’est pas seulement touristique: les régions correspondent aux dessertes des compagnies de chemin de fer, les cartes départementales diffusent ce type d’appréhension du territoire au lieu des appellations de l’Ancien Régime. L’inventaire précis des ressources en matières premières, des industries et manufactures, et de tout autre facteur de richesse et de développement font de cette première série une véritable encyclopédie de la France du Second Empire et une vitrine de sa modernité (Morlier, 2011: paragr. 17‑24).

Avec l’évolution touristique, ces guides souvent peu maniables à cause de leur format (11 x 18 cm) et de leur nombre de pages (plusieurs centaines) sont divisés en plusieurs volumes mieux adaptés aux besoins des voyageurs et aux destinations à la mode. Juste avant la Première Guerre mondiale, le nombre total de volumes avoisine la vingtaine (Ill. 3).

Aucune collection de guides telle que Murray, Baedeker ou Meyer ne s’est engagée dans une description exhaustive de son propre pays comme l’a fait Joanne en si peu de temps. Il faut attendre les guides du Touring club italien (TCI) (Vota, 1954) avec la couverture complète de l’Italie à partir de 1912: elle est activement développée par le régime mussolinien qui intègre les colonies et les pays récemment conquis.

Les itinéraires pour les pays étrangers

Parmi ces guides pour l’étranger (Morlier, 2019a: chap. IX), il est possible de distinguer quelques titres incontournables mis à jour très régulièrement, révisés, augmentés, séparés en deux puis trois volumes pour ne revenir qu’à un seul: c’est le cas des guides de l’Italie (25 éditions et 21 mises à jour [MàJ] de 1859 à 1916) et de la Suisse (23 éditions et autant de MàJ entre 1853 et 1913). Ces deux destinations sont très appréciées des amateurs d’art pour la première et des montagnards pour la seconde, avant de convenir aux touristes qui y séjournent simplement et se satisfont d’un guide en un volume.

Les autres titres correspondent à des régions moins courues soit à cause de la difficulté du voyage, soit de l’intérêt moindre des Français: l’Espagne et le Portugal (10 éditions et 8 MàJ entre 1859 et 1916), les îles britanniques (4 éditions, 1865, puis 1908-12-14) qui se réduisent très vite à Londres (7 éditions et 4 MàJ entre 1855 et 1914), la Belgique et la Hollande ainsi que les Bords du Rhin qui sont l’objet d’incessants découpages et regroupements selon les fluctuations de la mode (11 éditions et 7 MàJ entre 1855 et 1911). Les Bords du Rhin sont très courus pendant la décennie 1854-1863 avant d’être rattachés aux pays voisins.

L’Allemagne du Nord fait l’objet d’un des premiers guides rédigés par Joanne chez Maison, réédité en 1863, complètement abandonné après la guerre de 1870, avant d’être repris en 1900 jusqu’en 1910. Quelques destinations traitées par Murray ou Baedeker ne le sont pas par un guide Joanne spécifique: la Russie, limitée à Moscou et Saint-Pétersbourg, est considérée comme une excursion du guide Allemagne septentrionale (1900, MàJ 1904 et 1907), la Scandinavie est rattachée à une édition ultérieure (1910) qui ne comprend plus les deux grandes villes russes (Ill. 3).

En revanche, le guide de l’Orient d’Émile Isambert rencontre un vif succès. Sa première édition en un volume (1861) est rapidement épuisée et remplacée par un ensemble de trois tomes, chacun dédié à une contrée particulière: I, Grèce et Turquie d’Europe, 1873 (MàJ 1881) ; II, Malte, Égypte, Nubie, Abyssinie, Sinaï, 1878 (MàJ 1881) ; III, Syrie, Palestine, 1882 (MàJ 1882-87-90-95-99) (Morlier 2019a, chap. VIII).

Les volumes ne sont pas réédités sous cette forme et connaissent des destins différents.

Le premier volume est séparé en deux ensembles: De Paris à Constantinople (1886, 10 MàJ) et Grèce (1888 et 1991, 4 MàJ, puis en un volume 1909-11). Le guide pour Constantinople correspond à l’ouverture de la ligne de l’Orient-Express qui permet de voyager confortablement et rapidement vers la capitale ottomane. Ses nombreuses rééditions attestent de son succès. Le guide de la Grèce montre l’intérêt des Français pour ce pays dont ils ont suivi la guerre d’Indépendance et leur attrait pour l’archéologie grecque soutenue par l’École française d’Athènes, fondée en 1846. Enfin, les itinéraires d’approche font l’objet de trois tomes intitulés États du Danube et des Balkans (1893) qui ne rencontrent pas leur public, certainement à cause de la difficulté à voyager dans ces contrées à l’exception de la côte de la mer Adriatique (1888-93-95).

Dans le deuxième tome, l’Abyssinie réservée aux explorateurs leur est abandonnée. Il est remplacé par un guide en trois volumes très maniables entièrement consacré à l’Égypte (1900-05). La visite de l’Égypte pourtant très prisée des Français est ensuite limitée au Caire avec quelques excursions (1909; 1910 en anglais). Cette série érudite est remplacée par de jolis ouvrages émis par le service des chemins de fer égyptiens qui s’adressent aux touristes en croisière sur le Nil publiés en trois langues (français, anglais, allemand) par des éditeurs différents.

Enfin, le troisième volume, malgré cinq mises à jour (1882-87-90-95-99), succombe à la concurrence du Baedeker en français Palestine et Syrie (1882-93-1906-12), plus maniable et accessible à un public moins érudit, comprenant plusieurs cartes et plans ainsi qu’un grand panorama de Jérusalem.

Ces guides de l’Orient, fleurons de la collection Joanne au même titre que l’IGF, ne connaissent pas le même destin pour des raisons évidentes de mise en œuvre, d’actualisation, de modification des manières de voyager (des séjours plus courts grâce à des transports plus rapides) et la concurrence des guides Baedeker en français.

Enfin, l’Algérie, alors répartie en trois provinces françaises, est l’objet de nombreux guides (24 éditions entre 1862 et 1916), de plus en plus développés avec l’adjonction de la Tunisie sous protectorat français.

Carte de l'Europe et de l'Afrique du Nord par itinéraires

Ill. 3. Carte catalogue des itinéraires Joanne en 1910 (coll. Hélène Morlier)

Les guides dérivés

La rivalité commerciale est un facteur de stimulation. C’est le cas pour le duel Baedeker-Joanne. Les guides Baedeker en français représentent une concurrence sérieuse à partir de 1860: l’éditeur français fait preuve d’esprit d’invention pour se démarquer et fidéliser son lectorat, alors qu’il domine le marché français où ne subsistent que quelques guides épars et la collection Conty au public moins éduqué. Les réponses à cette concurrence sont d’une part la diminution du format des itinéraires en 1894 (11 x 18 cm) pour adopter celui des Baedeker et des Meyer (10,5 x 16 cm), d’autre part, la déclinaison de séries spécifiques à partir des itinéraires précédents. Ce dernier trait est une particularité des guides Joanne (Ill. 4).

Collections des guides Joanne

Ill. 4. Les différentes collections des guides Joanne (schéma d’Hélène Morlier).

L’invention d’un format de poche: les guides Diamant

Les responsables de la collection Joanne ont imaginé des guides au format de poche (8,5 x 14 cm) dont le contenu présente un résumé des itinéraires plus grands et plus épais. Cette série des guides Joanne-Diamant à la couverture vert émeraude est lancée en 1866. C’était une première réponse à la maniabilité et aux contenus accessibles des Baedeker (Ill. 4). Les titres des Joanne-Diamant concernent quelques grandes villes (Paris, Lyon et Marseille), les régions les plus visitées de France (Normandie, Bretagne, Pyrénées, Dauphiné, Stations d’hiver de la Méditerranée, Vosges) et enfin les stations balnéaires et thermales. Les quelques titres pour l’étranger sont les abrégés des itinéraires (à l’exclusion de l’Algérie et de l’Orient), complétés de quelques villes (Londres, Rome) et stations thermales en vogue (Spa, Baden) (Morlier, 2007: p. 503‑506; 2011, paragr. 30‑32).

Les monographies brochées pour visiter les villes ou régions circonscrites

À partir de 1886, des extraits des itinéraires concernant les villes, stations balnéaires et thermales sont publiés sous une forme brochée et vendues à un prix bas (entre 50 centimes et 1,50 franc). Cette nouvelle série créée et développée par Paul Joanne (1847-1922), fils d’Adolphe, résout à la fois le problème de l’encombrement et du prix pour un voyageur qui se rend dans une ville sans visiter la région. À l’apogée de son développement, avant la Première Guerre mondiale, la série concerne plus de soixante-dix villes françaises et étrangères (Ill. 5) et traite parfois de régions touristiques, comme l’Esterel. La parution des monographies pour l’étranger est souvent liée à un événement: exposition nationale (Liège 1905, Berlin 1914, etc.) ou commande particulière d’un libraire (Lisbonne) ou d’un empire (Bosnie-Herzégovine)… Quelques rares titres sont traduits en anglais, allemand et espagnol. Peu à peu, les guides de la collection Diamant sont transférés dans celle des monographies brochées (Ill. 5) comme La Côte d’Azur qui remplace Stations d’hiver de la Méditerranée à partir de 1907 (Morlier, 2011: paragr. 34‑38).

Carte de l'ensemble des monographies (1886-1916

Ill. 5. Carte catalogue de l’ensemble des monographies brochées (1886-1916) et vestiges de la collection Diamant (cartouches en bas), coll. Hélène Morlier.

Les guides Joanne illustrés: la villégiature et l’automobile à l’honneur

Enfin, avec le développement conjoint de l’automobile, des stations balnéaires et de la photographie, une nouvelle série est lancée en 1907: les guides Joanne illustrés. Ces guides, complétés de photographies, de cartes et de plans, sont publiés en trois langues signalées par la couleur de la reliure: français (bleu-gris), anglais (orange), allemand (vert). Le guide des Châteaux de la Loire contient un road book pour l’automobiliste complété de photographies fléchées pour choisir la bonne direction: cet essai à la réalisation coûteuse n’a pas eu de suite. En revanche, les guides des stations balnéaires (Bains du Nord, de Normandie, de Bretagne) sont édités en français et en anglais, mais celui du Pays basque en allemand seulement. Les autres titres sont Paris et les régions au nord de la France (Ardenne Meuse, Forêt-Noire/Bords du Rhin) et au sud (Côte d’Azur et Corse). Toutes ces régions se prêtent au tourisme automobile pour lequel des cartes spécifiques et des profils de routes ont été créés (Morlier, 2011: paragr. 41‑42).

L’éclatement de la Première Guerre mondiale a mis prématurément fin à cette collection pratique et élégante dans laquelle les documents graphiques synthétiques sont nombreux.

La disparition des guides Joanne et la naissance des guides Bleus en 1919

Pendant la Première Guerre mondiale, quelques guides déjà prêts ou en préparation sont publiés, mais la collection Joanne souffre à la fois du manque de personnel (mobilisé, blessé ou tué) à la Librairie Hachette ou chez les imprimeurs et du délaissement des pratiques touristiques. Pendant les quatre années du conflit, une petite trentaine de guides parait (7 guides itinéraires, 17 monographies et 5 guides illustrés) dont certains sont des rééditions ou des compilations de titres existants. Cette production est fort éloignée de la soixantaine de parutions annuelles en temps de paix.

Cependant, dès janvier 1917, des négociations ont eu lieu entre Marcel Monmarché (1872-1945), directeur de la collection Joanne, et les deux traducteurs-éditeurs des guides Baedeker en anglais: James et Findlay Muirhead qui ne peuvent continuer leur travail pour la firme ennemie. Ils ne sont pas en mesure de lancer seuls une nouvelle collection de guides en anglais, ni de mettre à jour les guides Murray obsolètes qu’ils ont rachetés.

Les deux parties se mettent d’accord pour entreprendre un partage des informations textuelles et des onéreux documents graphiques (souvent en couleurs) afin de lancer une nouvelle collection internationale de guides touristiques: les Blue Guides et les guides Bleus de part et d’autre de la Manche. Le nom a été choisi en opposition au rouge si célèbre des couvertures des Baedeker qu’il convient de combattre directement (Morlier, 2019b). La collection est officiellement lancée le 4 juillet 1919, fête nationale américaine: ce clin d’œil aux alliés victorieux ne peut être fortuit.

Les Joanne déjà imprimés sont reliés d’une couverture des guides Bleus. Le nom des guides Diamant est conservé pour les monographies et des guides pour les automobilistes jusque dans les années 1930. Seules ces deux dernières séries conservent des publicités commerciales dont sont expurgés les guides Joanne sur la demande du Touring-Club de France, soutien des publications touristiques.

La collection des guides Bleus existe toujours et continue d’évoluer selon les grands principes établis par Adolphe et Paul Joanne et respectés par Marcel Monmarché, premier directeur des guides Bleus.

Hélène MORLIER

Bibliographie

  • Du Pays Augustin Joseph, 1859, Itinéraire descriptif, historique et artistique de l’Italie et de la Sicile, Paris, Hachette, 792 p.
  • Ferretti Federico, 2010, «Les Reclus et la maison Hachette: la première agence de la géographie française?», Espace géographique. 39 (3), p. 239‑52, en ligne.
  • Guilcher Goulven, 1997, «Les Guides-Chaix», La Lettre du marché du livre ancien et d’occasion – parc Georges Brassens 75015 Paris. n°57 (juillet).
  • Guilcher Goulven, 1998, «Les guides Heinrich August Ottokar Reichard», La Lettre du marché du livre ancien et d’occasion – parc Georges Brassens 75015 Paris. n°64 (septembre).
  • Hannotin Denis (éd.), 2019, Le Paris-Orléans: une épopée du chemin de fer: almanach 1838-1938. Paris, SPM, 390 p.
  • Marchandiau Jean-Noël, 1987, L’Illustration, 1843-1944: vie et mort d’un journal. Toulouse, Éditions Privat, 344 p.
  • Mistler Jean, 1964, La Librairie Hachette, de 1826 à nos jours. Paris, Hachette, 410 p.
  • Mollier Jean-Yves, 1999, Louis Hachette (1800-1864): le fondateur d’un empire. Paris, Fayard, 554 p.
  • Morlier Hélène, 2007, Les Guides-Joanne: genèse des guides Bleus. Itinéraire bibliographique, historique et descriptif de la collection de guides de voyage, 1840-1920. Paris, Les Sentiers débattus, 640 p.
  • Morlier Hélène, 2011, «Les Guides Joanne : invention d’une collection», In Situ. Revue des patrimoines. n°15 (avril), en ligne.
  • Morlier Hélène, 2019a, Les Guides Joanne (1841-1919). Généalogie, hégémonie et renaissance d’une collection nationale de guides touristiques. Paris, EHESS, Thèse de doctorat non publiée [publication en préparation].
  • Morlier Hélène, 2019b, «Les guides Joanne devenus Bleus: d’autres vainqueurs de la Grande Guerre», dans Évanno Yves-Marie et Vincent Johan (dir.), Tourisme et Grande Guerre: voyage(s) sur un front historique méconnu 1914-2019. Ploemeur, Codex, p. 207‑23.
  • Vota Giuseppe, 1954, I Sessant’Anni del Touring Club Italiano 1894-1954, Milan, Touring Club Italiano, 1954, 446 p. Liste des guides publiés par le TCI en Annexe E, p. 421-444.