Consommation touristique

Ce terme «consommation touristique», fréquemment mobilisé en économie, a suscité une analyse critique.

Selon le site Internet http://econoclaste.eu/econoclaste/lexique-deconomie, la consommation est «l’emploi d’un bien ou d’un service en vue soit de sa transformation dans la production (consommation intermédiaire) soit de la satisfaction d’un besoin (consommation finale) impliquant la destruction immédiate ou progressive de ce bien». La version touristique relèverait donc de la seconde catégorie, puisque notamment, les touristes sont des consommateurs de produits agricoles transformés, acquis auprès des restaurants par exemple, ou des commerces alimentaires, voire directement chez les producteurs locaux, en vue de la préparation par eux-mêmes des repas (voir Compte satellite du tourisme). Il est possible d’admettre aussi que les individus utilisent des biens pour autoproduire une partie, voire la totalité, de leur expérience touristique. Notamment, la voiture est le principal mode de transport utilisé pour accomplir le trajet vers les lieux choisis.

Une définition qui pose problème

Mais cette définition ne convient pas au sens où l’acte n’aboutit pas nécessairement à la destruction. En effet, les paysages demeurent, ou leurs représentations. Cette approche est à l’origine d’un discours sur la destruction par le tourisme qui manque singulièrement de subtilité, puisqu’il est aussi ancien que le tourisme et que la plupart des lieux et espaces touristiques sont toujours actifs deux ou trois siècles après.

Pascal Cuvelier a d’ailleurs dès 1998 remis en question ce terme de consommation suggérant d’utiliser plutôt celui de pratiques: «On peut admettre qu’il convient d’accorder à “l’univers de l’individu” (Moati, 1993) une place primordiale dans le processus de consommation. On peut définir “l’univers de l’individu” comme une vision ou une représentation du monde composée de connaissances, de valeurs, et de normes de comportements. Le tourisme pourrait donc être perçu comme un support d’éléments passionnels et personnels et à ce titre, il ferait rentrer dans les choix de consommation et dans les processus de consommation des facteurs et des éléments en rapport avec ce que nous entendons par “univers de l’individu”. À cet égard, il nous semble qu’une clarification sémantique s’impose. Au concept de “consommation touristique”, nous préférons le concept de “pratique touristique“» (p. 89).

Philippe VIOLIER

Bibliographie

  • Cuvelier Pascal, 1998, Anciennes et nouvelles formes de tourisme: une approche socio-économique. Paris, L’Harmattan, «Tourismes et sociétés».