Bassin de navigation

Un bassin de navigation peut être défini comme une portion de la mer côtière où se concentrent les pratiques de navigation de plaisance. Il présente des conditions nautiques homogènes, et se trouve délimité soit par des secteurs potentiellement dangereux (hauts-fonds, courants violents…), soit par de longues distances sans abris côtiers ou portuaires, soit par un autre bassin de navigation ayant d’autres caractères nautiques.

«une portion de la mer côtière où se concentrent les pratiques de navigation de plaisance»

Il s’agit d’un espace de pratique nautique dans lequel les plaisanciers effectuent très majoritairement des sorties de quelques heures ou à la journée: c’est par conséquent leur domaine de navigation privilégié et souvent exclusif, qu’ils soient régatiers, pêcheurs-plaisanciers ou croisiéristes. Les limites du bassin sont parfois difficiles à cerner, dans la mesure où des critères plus ou moins subjectifs participent à leur définition: les limites sont souvent celles que se fixent les plaisanciers eux-mêmes, selon leur niveau de pratique et de compétence nautique, leur appréhension du domaine maritime, leur représentation mentale d’un espace souvent mal ou insuffisamment maîtrisé. Par ailleurs, ce sont les plaisanciers qui le construisent, en partant du principe qu’un territoire n’existe que par l’usage qui en est fait.

Le principal critère intervenant dans la délimitation du bassin de navigation reste la distance que peut parcourir un navire de plaisance dans une journée de navigation, avec retour au port en fin de journée: le type d’embarcation (motonautisme, voilier) et la taille du bateau influent forcément sur la perception et la maîtrise de cet espace maritime. De même, selon les saisons et la longueur du jour, voire les conditions météorologiques, le bassin de navigation connaît des variations d’extension, la navigation de nuit restant une pratique très minoritaire. L’amélioration des modes de communication et de localisation peut amener le plaisancier à en repousser, non sans risque, les limites.

Les principaux bassins correspondent en toute logique aux secteurs côtiers où se concentrent les équipements portuaires s’ouvrant sur des espaces de navigation remarquables. La présence d’îles au large motive la sortie en mer et contribue à étendre le bassin de navigation à distance des côtes. A l’inverse, l’absence d’îles a souvent pour effet d’étirer le bassin de navigation le long du littoral.

Carte des aires des bassins de navigation en Bretagne

Les bassins de navigation de Bretagne (source: Bernard, 2016)

L’appellation «bassin de navigation» sera préférée à celle de «bassin de croisière», parfois utilisée mais trop restrictive; cet espace sert en effet de cadre aux activités nautiques non limitées à la croisière côtière: pêche-plaisance, voile sportive, motonautisme…

Du bassin de navigation au bassin de plaisance

Le bassin de navigation appartient à un espace plus large que l’on peut qualifier de «bassin de plaisance», système englobant une portion du domaine maritime (le bassin de navigation des plaisanciers), de la frange littorale (le port et son environnement technique ou les sites de mouillage) et d’un «arrière-pays» plus ou moins étendu, comprenant des zones d’activités et de services liées au nautisme ainsi que l’aire de recrutement des plaisanciers. Il s’agit donc d’un système spatial original en raison de son organisation en trois volets, à la fois distincts et complémentaires. Si l’un des trois éléments n’est pas pris en compte, on ne peut comprendre la dynamique complexe qui anime ce système sur le plan technique, économique et social.

Les éléments structurants du bassin de plaisance sont divers : ils peuvent se présenter sous forme de flux (cheminements terrestres ou maritimes des plaisanciers, des navires…), de points (le port, les zones de mouillage…), d’aires (recrutement, chalandise…).

Tout comme le bassin de navigation a tendance à s’étendre au gré de l’évolution technique des bateaux, les aires terrestres de recrutement s’élargissent peu à peu en raison du perfectionnement des modes de transport et de communication.

La frange littorale représente quant à elle l’interface entre les espaces maritimes et intérieurs. C’est le lieu d’implantation du port de plaisance, charnière entre le monde du quotidien et celui des loisirs nautiques.

Croquis montrant les interactions entre bassin de navigation et bassin de plaisance

Bassin de plaisance et bassin de navigation (source: Bernard, 2016)

L’arrière-pays du bassin de navigation est un espace d’extension fort variable où vivent les usagers des ports de plaisance. C’est aussi la zone où sont établis de nombreux fournisseurs de biens et de services pour le nautisme: chantiers, commerces spécialisés, sites d’hivernage à terre des bateaux, etc. Son degré d’équipement et d’organisation détermine la fréquentation du bassin de navigation: un port de plaisance bien desservi sur le plan des communications aéroportuaires, ferroviaires ou routières connaîtra une affluence forcément plus grande et géographiquement plus étendue qu’un port enclavé, difficile à atteindre. L’extension de l’arrière-pays est aussi tributaire de la notoriété du port de plaisance et de la qualité nautique du bassin de navigation sur lequel il s’ouvre.

Nicolas BERNARD

Bibliographie

  • Bernard Nicolas, 2016, Géographie du nautisme. Rennes, Presses universitaires de Rennes, 341 p.