Agritourisme

L’agritourisme est une catégorie de tourisme qui s’intègre dans l’inventaire des tourismes de quelque chose. Dans une approche par l’offre, elle pourrait avoir du sens. Néanmoins, des précautions sont à prendre.

Poser le problème

Il faudrait tout d’abord se garder de le confondre avec «le tourisme rural». En France, mais aussi en Italie, l’agritourisme se définit par la qualité de l’opérateur qui doit être un agriculteur dûment répertorié. Et de fait, il faudrait aussi respecter la condition qu’il participe à la coproduction de la prestation avec des touristes (voir Tourisme). Or, le tourisme dit «rural» qualifie une forme liée à un espace au sein duquel évolue une diversité de population qui ne peut être ramenée à la seule profession agricole, y compris ses retraités.

Plutôt dégustation de vin, promenade à cheval ou encore fabrication de beurre de baratte? L’agritourisme, ce sont des ventes en direct à la ferme, mais aussi des séjours en immersion dans les exploitations agricoles, des échanges avec les professionnels pour (re)découvrir l’agriculture française, le temps d’un week-end ou plus.

L’agritourisme, c’est-à-dire le tourisme rural, séduit de plus en plus les vacanciers. Deux réseaux principaux recensent les différentes formules disponibles partout en France: «Bienvenue à la ferme», marque des Chambres d’agriculture, et «Accueil paysan», une association qui promeut l’agriculture paysanne. «Parmi nos valeurs figure le tourisme social, avec des pratiques tarifaires pour favoriser l’accueil de tous», précise Pierre-Jean Barthèye, co-président de la structure.

Extrait d’une déclaration délivrée sur le site du ministère français de l’Agriculture qui illustre la confusion ambiante (site consulté le 23 juin 2022, affichage en date du 24 mai 2022).

Pour s’y retrouver

Dans les faits, si ces critères d’orientation professionnelle semblent réunis pour des prestations d’hébergement, location d’un gîte ou d’une chambre d’hôte, le fait d’être client n’implique pas nécessairement la qualité de touriste, et donc la prestation n’est pas non plus touristique. La personne peut se déplacer pour des raisons professionnelles, ou encore ne pas quitter son espace quotidien. Pour d’autres prestations, comme l’accueil de classes ou des opérations de communication motivées par la défense de la profession notamment, telles que des journées dites «portes ouvertes» les destinataires ne sont touristes que de manière marginale.

Même, la production de repas dans une ferme auberge ne relève pas forcément du tourisme. Si le client se déplace dans son espace quotidien ou à sa marge, donc à la journée, sans nuitée, cette pratique relève des loisirs. À cela s’ajoute des variations dans les définitions retenues par les différents pays. Ainsi, en Chine, le statut professionnel d’agriculteur n’est pas exigé et des parcs intègrent des travaux agricoles ou de jardinage offerts à la contemplation. L’agritourisme s’y confond avec le «tourisme rural», d’autant plus facilement que la distinction entre loisir et tourisme n’y est pas établie.

En fait, en France, en particulier, la profession et ses organisations professionnelles regroupent dans ce terme d’agritourisme l’ensemble des activités professionnelles qui ne s’apparentent pas à la production de biens alimentaires. Le vocable «agriculture de service» qui est parfois mobilisé est donc plus juste, mises à part les manifestations de pure communication comme les journées portes ouvertes destinées à communiquer sur le métier.

Dès lors, pourraient être distinguées dans une approche par l’offre les activités en relation avec des touristes de celles qui sont surtout fréquentées par des résidents, exactement comme un zoo ou une base de loisirs où peuvent se mêler les uns et les autres mais avec une dominante selon les cas.

Philippe VIOLIER