Séminaire de Recherche en Tourisme "Desa Wisata (Tourist Village) as a Vector of Sustainable Tourism: Case of Arborek, Sauwandarek and Sawinggrai, Raja Ampat, South West Papua, Indonesia"
1 octobre 2024
L’attractivité de nombreuses destinations touristiques dépend de leur climat (de Freitas, 2003, Scott et al., 2019). Pourtant, un paradoxe existe. Le tourisme fait partie des premiers secteurs touchés par le changement climatique, mais, dans un même temps, il contribue fortement aux émissions de gaz à effet de serre (Lenzen et al., 2018). La recherche peut contribuer à la transition du secteur touristique qui doit s’engager vers davantage de durabilité (UNWTO et UNDP, 2017). Ce numéro de Téoros ambitionne donc de réunir des articles à des fins d’amélioration des connaissances, mais aussi des pratiques.
Les effets du changement climatique transforment déjà des espaces sur lesquels le tourisme s’appuie et certains milieux semblent particulièrement vulnérables. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC/IPCC) précise, dans son Rapport spécial sur l’océan et la cryosphère, que le changement climatique a d’ores et déjà des effets négatifs sur le tourisme, tant sur les littoraux qu’en montagne (IPCC, 2019). Conséquence de la fonte des glaces et de la dilatation thermique des eaux de surface plus chaudes, la montée des eaux menace de submersion temporaire ou permanente les littoraux de faible altitude et les rend plus vulnérables aux événements climatiques extrêmes et aux phénomènes d’érosion rapide (FitzGerald et al., 2008 ; Creach, 2021). Les plages, fortement exploitées par le tourisme, sont elles aussi sous la pression de ces effets (Nordstrom, 2021). En outre, la hausse de la température des eaux de surface est propice au développement de maladies dans les régions tropicales et à la propagation d’espèces invasives comme les méduses (Oppenheimer et al., 2019 ; Arabadzhyan et al., 2021). Dans de nombreux territoires de montagne, les activités récréatives comme le ski, le tourisme glaciaire et l’alpinisme ont souffert de la diminution de l’enneigement et de la fonte des glaciers (Steiger et al., 2019 ; Salim et al., 2021). Le changement climatique est susceptible de modifier les flux touristiques et la temporalité de la fréquentation, voire de provoquer un abandon des destinations aux ressources touristiques fragilisées par les effets du changement climatique (DiSegni et Shechter, 2014), comme en témoigne par exemple la fermeture de certaines stations de ski (Métral, 2021).
L’industrie du tourisme est un secteur marqué par une constante adaptation (Cholat et al., 2019), aussi bien face à des évolutions démographiques ou économiques qu’à des crises, qu’elles soient sanitaires comme la COVID (Yang et al., 2021) ou encore climatiques. Confrontées aux effets du changement climatique, les destinations touristiques mettent en place des stratégies d’adaptation, c’est-à-dire qu’elles entreprennent des démarches d’ajustement au climat actuel ou attendu ainsi qu’à ses conséquences, afin d’en atténuer les effets préjudiciables et à en exploiter les effets bénéfiques (GIEC, 2018). On peut mentionner le recours à différents types de travaux de protection sur les littoraux (Sealey et al., 2021 ; Arnall, 2022 ; Le Xuan et al., 2022), des solutions techniques comme la production de neige dans les stations de ski (Steiger et al., 2019), ou encore le déploiement d’activités touristiques diversifiées en montagne (Steiger et al., 2022). Ces stratégies peuvent parfois manquer leur cible en aggravant le risque de conséquences néfastes et deviennent de exemples de maladaptation (Schipper, 2020). Cette maladaptation a pour conséquence l’accentuation de la vulnérabilité des destinations face aux changements climatiques. L’adaptation technique que représente la production de neige dans les stations de ski peut ainsi, en fonction des contextes, être associée à de la maladaptation (Bourdeau, 2021 ; Scott et al., 2022).
Les recherches francophones s’intéressant au changement climatique et au tourisme sont peu fréquentes. Le « cultural turn » qui s’est opéré en géographie francophone à partir des années 1980 et 1990 a conduit à privilégier l’étude du tourisme comme « l’expression d’un certain système culturel qui projette les valeurs sur un lieu » (Stock et al., 2020). Ce tournant culturel a conduit à recentrer les études sur le tourisme autour des individus et des groupes comme producteurs des lieux touristiques. Ce tournant a relativement dessaisi le champ du tourisme francophone de la question climatique tandis que les sciences de l’environnement s’y sont intéressées, notamment sur les effets sur les socio-écosystèmes. Du côté anglophone, bien que la thématique des changements climatiques soit un thème secondaire dans la littérature scientifique sur le tourisme, l’augmentation continue du nombre de publications depuis 2000 témoigne d’un intérêt scientifique croissant pour le sujet (Pang et al., 2013 ; Arabadzhyan et al., 2021 ; Scott et Gössling, 2022). Cependant, en anglais comme en français, les recherches qui explorent les actions d’adaptation du tourisme au changement climatique demeurent centrées sur l’Occident et il y a besoin de mieux documenter cette thématique dans des régions beaucoup moins étudiées (Afrique, Asie, Amérique centrale et Amérique du Sud, États insulaires) (Scott et al., 2016 ; 2019). Par ailleurs, des pratiques comme le tourisme urbain sont peu étudiées sous l’angle du changement climatique (Pandy et Rogerson, 2019).
Ce numéro de Téoros vise à élargir la réflexion sur la thématique de l’adaptation touristique aux effets du changement climatique. Il ambitionne également d’offrir aux chercheur.e.s et aux professionnel.les une synthèse récente de recommandations, d’exemples et de pistes d’action potentielles. Les professionnels du tourisme, les acteurs publics ou les communautés locales tirant profit de l’industrie du tourisme s’interrogent sur les impacts des changements climatiques et, parfois, expérimentent ensemble des voies d’adaptation (Jasmin, 2019 ; Lapointe et al., 2020 ; Guillemard, 2022). Certaines destinations assistent ainsi à la disparition progressive de ce qui faisait leurs atouts touristiques ; comment alors se prépare ou s’expérimente le redéploiement d’autres formes de tourisme ou cette sortie du tourisme ? Comment la demande et l’offre touristiques, de plus en plus sensibilisées aux émissions de gaz à effet de serre associées au transport (Noussan et al., 2020), modifient-elles leurs pratiques ? Comment sont évaluées les actions d’adaptation entreprises dans les destinations et les éventuelles situations de maladaptation ?
La date limite pour soumettre un résumé est le 3 avril 2023.
Pour toute demande, merci de contacter: teoros@uqam.ca
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