Souvent emblématiques d’un territoire pour la population locale et premiers lieux visités par les touristes, les monuments agissent comme des marqueurs identitaires et mémoriels d’un territoire invitant les individus à leur contact à un culte de valeurs (Riegl, 1984 [1903]).
Les monuments sont ainsi l’objet de mises en scène (Flon, 2012 ; Gellereau, 2005) diverses et nombreuses pour les valoriser auprès des publics : dispositifs d’aide à la visite, spectacle vivant, reconstitutions historiques, médiation numérique, vidéo mapping (projection sur les façades en été ou pendant les fêtes), événementiel, expositions temporaires, scénographies immersives (Ballarini et Delestage, 2023), etc. Ces mises en scène cherchent à provoquer des émotions, des expériences, sans toujours éviter une forme de spectacularisation du patrimoine.
Dès lors, comment ces mises en scènes fonctionnent-elles ? En quoi font-elles vivre les lieux de patrimoine ? Quelles modalités sont utilisées pour cela ? Comment viennent-elles questionner les espaces imbriqués ? Comment affectent-elles et pourraient-elles affecter la perception que les publics peuvent avoir des monuments ? Dans une visée scientifique et socio-professionnelle, ce colloque vise à comprendre comment se redéfinissent les rapports entre les lieux patrimoniaux et leurs publics, les logiques sociales et politiques de la culture à l’œuvre dans la médiation du monument en tant que patrimoine bâti.
Nous souhaitons ainsi interroger ce qui fait vivre les monuments de patrimoine dans/à travers leurs mises en scène, leurs espaces qu’ils soient intérieurs/extérieurs mais aussi symboliques et imaginaires ; et enfin, leurs publics au travers de leurs appropriations, représentations, usages et pratiques du monument ou lieu de patrimoine. Cette rencontre sera l’occasion de renouveler et prolonger ces questionnements sous différents axes qui ne se veulent pas exhaustifs mais qui constituent des pistes de réflexions :
- Axe 1 : Mises en scène
De quoi sont faites les mises en scène du monument ? Cet axe proposera des analyses des mises en scène considérées comme des dispositifs sémiotiques portant en eux des dimensions techniques (audiovisuelles, numériques, plastiques), langagières (mise en circulation de savoirs) et symboliques (création de valeurs) (Jeanneret, 2005). Il pourra s’agir plus précisément d’une analyse de la mise en récit à l’œuvre dans ces mises en scène du monument mêlant trame historique et fictionnelle. Comment les savoirs historiques sont-ils mobilisés, sélectionnés dans ces mises en scène, quelles en sont les sources ? Quel rapport à l’objet patrimoine proposent-elles ?
Les propositions pourront se situer du côté de la conception de ces mises en scène : quels acteurs les prennent en charge ? Quelles collaborations sont à l’œuvre entre les différents acteurs qu’ils appartiennent au domaine du numérique, du patrimoine (historiens et conservateurs), de la culture, du tourisme ou encore avec des métiers d’art (scénographes, designers, etc.) ?
- Axe 2 : Espaces
Nous souhaitons comprendre ici comment les mises en scène du monument questionnent la notion d’espace articulé au monument. Comment cohabitent les espaces superposés du monument : géo-historique, socio-culturel, touristique, bâti, imaginaire ? Quelles peuvent être les dimensions spatiales du monument convoquées par les mises en scènes : contexte du bâti, architecture, lien avec le paysage environnant et/ou les jardins (en eux-mêmes mise en scène du patrimoine naturel), relations entre l’intérieur et l’extérieur, place des dispositifs dans le monument et relation à l’espace proposée par les
dispositifs ? Plus largement, quels sont les moments qui font débat sur ces espaces patrimoniaux (actualisation du patrimoine par l’architecture moderne [Georgescu-Paquin, 2014], mobilisations, rejet etc.) ? Comment le monument, porteur d’une histoire, peut-il être investi et/ou contesté ?
- Axe 3 : Publics
Quelles sont les expériences vécues des publics (réussies et/ou ratées) (Vergopoulos, Jutant, à paraître) ? Quels braconnages, évitements et/ou ajustements opèrent-ils au contact de ces mises en scènes ? Comment les publics participent-ils à la patrimonialisation du monument à partir de celles-ci ? Quelles représentations créent-ils et transmettent-ils à l’issue de ces expériences ?
Informations pratiques
- Mots clés
médiation, monument, patrimoine, publics, mise en scène
- Calendrier
• Les propositions de communication sont attendues pour le : 29 janvier 2024
• Les retours d’évaluation seront envoyés au plus tard le 11 mars 2024 avec, le cas échéant, des propositions de collaboration à discuter.
- Procédure de soumission des communications
Les propositions pourront appartenir à l’une des disciplines suivantes : histoire/histoire de l’art, sciences de l’information et de la communication, sociologie, informatique, art/design, géographie (non exhaustif, les apports
d’autres disciplines seront acceptés pour évaluation en fonction de leur adéquation avec les questions abordées). Les communications s’inscrivant dans une perspective internationale sont les bienvenues.
Le document devra comporter : nom/prénom, adresse mail, statut, appartenances institutionnelles de l’auteur, cinq lignes de biographie, le titre et les mots clés. La proposition de communication n’excédera pas 2000 signes et devra présenter le cadre disciplinaire et théorique et s’appuyer sur des résultats liés à une étude de terrain et quelques éléments de bibliographie indicative.
Les propositions sont à envoyer à l’adresse : fairevivrelemonument@uco.fr
- Publications
L’approche pluridisciplinaire étant recherchée, en fonction des interventions retenues, des numéros thématiques de revues sont prévus.
- Comité d’organisation
Manuelle Aquilina (MCF Histoire, UCO-BS)
Caroline Creton (MCF SIC, UCO Nantes)
Julie Pasquer-Jeanne (MCF SIC, UCO-BS)
Olivier Hû (MCF Informatique, Université d’Angers)
Pour plus d’informations, télécharger l’appel à communications complet : ICI